Les déficits modérés en vitamine D sont fréquents en France métropolitaine, surtout à la fin de l'hiver et au début du printemps, selon une étude nationale publiée mardi 24 avril.
Cette fréquence - 37,7 % des 18-74 ans - pourrait être réduite en changeant les habitudes de vie, notamment en augmentant l'activité physique en plein air, souligne Michel Vernay, coauteur de l'étude nationale nutrition santé 2006-2007 menée sur un échantillon national de 1 587 adultes, chez lesquels les niveaux sanguins de cette vitamine ont été mesurés, sur l'ensemble de l'année.
En métropole (hors Corse), les déficits sévères en vitamine D sont peu fréquents (4,8 % de l'échantillon) et touchent des populations vulnérables, à faible statut socioéconomique et à exposition solaire réduite, selon l'étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.
La vitamine D, qui joue un rôle majeur dans la minéralisation osseuse, est principalement produite par le corps sous l'action des rayonnements ultraviolets du soleil sur la peau. L'alimentation - poissons de mer gras sauvages, jaunes d'œuf - apporte un complément. Le déficit modéré pourrait constituer un facteur de risque d'anomalies osseuses, d'ostéoporose, de fractures et de certaines maladies chroniques (cancers du colon, du sein, de la prostate) ou de dysfonctionnements de l'immunité.
Le risque plus élevé de déficit sévère observé chez les adultes nés hors d'Europe peut s'expliquer par une pigmentation plus élevée de la peau, qui réduit l'absorption des ultraviolets, mais aussi par des habitudes culturelles vestimentaires, comme de trop se couvrir le corps (visage, bras, etc.) ou de peu sortir en plein air. "On trouve moins de vitamine D chez les fumeurs, sans qu'on comprenne bien le mécanisme en cause", indique le chercheur.
Les auteurs suggèrent d'adapter les messages de prévention comme en Australie ou en Angleterre, en rappelant à la fois les dangers d'une exposition excessive (ou sans protection) au soleil (cancers de la peau) et les bienfaits d'une exposition raisonnable. L'activité physique apporte, par ailleurs, un bénéfice dans la prévention de l'obésité, de l'hypertension artérielle et des maladies cardiovasculaires, écrivent-ils. L'enrichissement des aliments et la supplémentation en vitamine D sont "probablement à discuter" en France. Il conviendrait également, notent les auteurs, de renouveler l'étude du statut en vitamine D de la population, en l'élargissant aux enfants, aux adolescents et aux personnes âgées.
http://www.lemonde.fr/sante/article/2012/04/24/les-deficits-moderes-en-vitamine-d-frequents-en-france-metropolitaine_1690177_1651302.html