L'Union française des industries pétrolières (UFIP) l'a fait savoir, jeudi 8 octobre, en soulignant que la contribution climat-énergie, dite "taxe carbone", et la majoration de la part régionale de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) auront un impact très sensible sur les prix des carburants.
Sur la base du prix de la tonne de C02 fixé par le gouvernement (17 euros) - amené à augmenter progressivement -, l'UFIP s'est livrée à un calcul : si l'on additionne la taxe carbone, la majoration de la part régionale de la TIPP laissée à l'appréciation des régions, les règles d'incorporation des biocarburants dans l'essence et les certificats d'énergie, elle estime que le prix du sans plomb 95 augmentera de 8,8 centimes d'euro (+ 7,2 %) et celui du gazole de 10 centimes (+ 9,9 %).
A elle seule, la taxe carbone comptera pour 4,9 centimes dans la hausse du prix de l'essence (5,4 centimes pour le gazole).
La TIPP régionale aura aussi un impact si les régions décident de l'augmenter. Alain Rousset (PS), président de l'Association des régions de France (ARF), a récemment souligné qu'elles sont "en total désaccord avec cette mesure", dénonçant la volonté de l'Etat de les "contraindre à accroître la fiscalité pétrolière pour financer les politiques qu'il ne peut plus assumer seul, comme les lignes à grande vitesse". La hausse serait de 0,9 centime pour l'essence (1,6 centime pour le gazole), et l'ARF, dominée par la gauche (20 régions sur 22), refuse une mesure qui "pèsera sur le pouvoir d'achat des ménages".
Restent deux sources d'augmentation sur lesquelles les compagnies, représentées par l'UFIP, jugent qu'elles ont peu ou pas de marges de manoeuvre. La loi les oblige à incorporer 7 % (en valeur calorifique) de biocarburant dans les carburants traditionnels. "Pour des raisons techniques, nous ne pourrons pas atteindre cet objectif, prévient M. Schilansky. Les compagnies paieront donc la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) et il est certain qu'elles répercuteront cette charge dans les prix à la pompe."
Enfin, l'UFIP dénonce l'extension aux carburants des certificats d'énergie créés en 2005. Ils permettaient jusqu'à présent aux distributeurs (EDF, GDF Suez, réseaux de chaleur dans les villes...) de ne pas payer la pénalité de 2 centimes d'euro par kWh s'ils réalisent de telles économies. Contrairement aux constructeurs automobiles ou aux fabricants de pneumatiques, plaide M. Schilansky, un distributeur de carburant n'a aucun moyen pour inciter les automobilistes à avoir des véhicules ou une conduite permettant de consommer moins d'essence.
"Si les prix à la pompe augmentent en début d'année, ce ne sera pas la faute des pétroliers", prévient-on à l'UFIP. Elle anticipe déjà la grogne des automobilistes, qui ne fera que s'amplifier si les cours de l'or noir repartent à la hausse en 2010. L'organisation a calculé que la hausse de 7 % à 10 % des prix des carburants à la pompe "équivaut à une augmentation de 20 dollars du prix du baril", qui est de 70 dollars actuellement.