Même si l'on admet que cette politique de taux soutient effectivement l'économie, elle ne produit pas que des effets bénéfiques. Elle est en train de saper les bases financières. Les banques centrales ne pensent presque plus qu'à favoriser l'emprunt. Elles oublient que des taux positifs incitent à l'épargne. Lorsqu'ils sont réglés à zéro, l'incitation est elle aussi ramenée à zéro. Ainsi, si l'on met à disposition de l'argent gratuit pendant longtemps, il devient difficile de réinstaller des habitudes d'épargne. C'est pourtant ce dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont grand besoin.
Décrochage du dollar
Que le mouvement de réduction des taux ait finalement atteint l'économie réelle ou non, il est certain que la réaction des marchés financiers est excessive. Le cours des matières premières a sérieusement grimpé, tandis que l'on assiste au décrochage du dollar et de la livre sterling, précisément les monnaies supervisées par les banques centrales qui se sont le plus impliquées dans la politique de l'argent bon marché.
Le fort abaissement des taux d'intérêt se justifiait, malgré les risques encourus, lorsque le produit intérieur brut et les échanges commerciaux chutaient, et que les banques suffoquaient. Aujourd'hui, la situation est plus stable, et les effets indésirables de cette politique commencent à se faire sentir. Les banques centrales feraient bien de réfléchir à un relèvement des taux.