Dans son rapport annuel, publié jeudi 15 octobre, Médecins du monde (MDM) affirme que les "entraves à l'action humanitaire" se multiplient en France, où l'accès aux soins devient "un privilège" inaccessible aux plus démunis.
"La politique du chiffre et de la peur en matière d'immigration crée des entraves à l'action humanitaire, qui se sont intensifiées et multipliées en 2008-2009", explique le président de MDM, avant la Journée mondiale du refus de la misère du 17 octobre. Il précise que "les Roms et les Comoriens de Mayotte ont été les premières victimes de cette politique".
"L'action humanitaire est systématiquement considérée comme suspecte par les pouvoirs publics, c'est un phénomène nouveau dont on peut malheureusement citer de nombreux exemples – ainsi MDM a été assigné en justice pour avoir aidé des Roms qui avaient subi des expulsions à répétition en Ile-de-France et à Calais, des populations ont été sans cesse déplacées et précarisées ce qui empêche les ONG de les soigner et de maintenir un lien social", poursuit-il. Soigner les plus pauvres devient "de plus en plus difficile" alors que "pour les plus fragiles de notre société, recevoir des soins est dans bien des cas déjà un privilège", ajoute le Dr Bernard.
MDM demande ainsi l'application de la trêve hivernale sur les expulsions locatives (du 1er novembre au 15 mars) aux populations Roms régulièrement chassées de leurs campements de fortune par les pouvoirs publics. Les Roms, pour la plupart ressortissants de l'Union européenne depuis l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans cet ensemble, sont pourtant "traités en France comme des citoyens de seconde zone", déplore MDM. "Leurs expulsions répétées sans solution de relogement entraînent épuisement, ruptures de soins et de suivi médical, en particulier chez les femmes enceintes et les enfants."
Le document sur l'accès aux soins des plus démunis en France porte sur 33 339 consultations médicales menées dans les 22 centres d'accueil, de soins et d'orientation de MDM, qui note que 80 % des patients n'ont aucune couverture maladie alors qu'ils y ont droit et que 20 % ne relèvent d'aucun dispositif.