En l’absence d’une carte sanitaire, l’extension du panier des soins de l’AMO à l’ambulatoire ainsi que la généralisation du Ramed programmée pour cette année ne peuvent donner de résultats. «Seule la mise en place d’une véritable carte sanitaire contribuera à réduire les inégalités d’accès aux soins», a indiqué le Premier ministre Abbas El Fassi lors du Forum national sur la carte sanitaire organisé du 1er au 3 mars à Rabat.
Les dysfonctionnements sont connus:
- mauvaise répartition géographique des ressources disponibles,
- insuffisance dans le rendement des établissements de santé,
- absence de coordination entre différents intervenants dans le secteur.
Bref, l’offre de soins ne répond pas aux besoins de la population.
Pour remédier à cet état des lieux, un projet de loi-cadre N°34-09 sur le système de santé et l’offre de soins sera discuté devant le Parlement après avoir été adopté par le Conseil de gouvernement. Ce projet comble le vide juridique actuel en clarifiant les droits et les devoirs de la population et des patients en matière de santé. Il s’articule autour de 4 volets, à savoir :
- le «système de santé»,
- «l’offre de soins»,
- «la carte sanitaire et les schémas régionaux de l’offre de soins»
- «les instances de concertation en matière de santé».
Le projet de loi-cadre vise aussi la création du Conseil supérieur consultatif de la santé.
En parallèle à cette la loi-cadre, le ministère de la Santé a mis en place un dossier technique qui comporte l’actualisation et l’évaluation des besoins outre la conception et la mise en place d’une base de données informatisée permettant de mettre à jour les données collectées.
Autre dysfonctionnement: l’inéquations de l’offre entre régions, un handicap sérieux à l’accès aux soins «Les soins tertiaires offerts par les CHU ne sont dispensés qu’au niveau de l’axe Casa-Rabat, Marrakech et Fès. S’il y a un retard, il est dans l’offre de soins, la formation médicale et dans la rentabilité de l’infrastructure en place», confie Hazim Jilali, directeur de la planification et des ressources financières au ministère de la Santé.
L’analyse par région permet de constater que les deux régions de Rabat-Salé-Zemmour Zaër et du Grand Casablanca détiennent la part la plus importante de l’offre de soins. Cette situation s’explique surtout par le poids des CHU. C’est ce qui ressort du rapport de l’étude sur la planification de l’offre de soins. La région de Meknès-Tafilalet vient en 3ème position avec 36% d’infrastructure hospitalière, puis celle de Tanger-Tétouan (31%). Par ailleurs, selon le ratio nombre d’habitants par lit hospitalier, Laâyoune-Boujdour-Sakia Lhamra détient le premier rang, suivie de Rabat-Salé-Zemmour Zaër, de Meknès Tafilalet et Casablanca.
Le Maroc compte en tout 500 hôpitaux et cliniques privées ainsi que 2.600 centres de santé et dispensaires. Cette offre représente près de 38.500 lits d’hospitalisation dont 75% sont offerts par les hôpitaux publics pour un effectif de près de 18.000 médecins et 30.000 infirmiers.
A noter que le budget du ministère de la Santé atteint près de 11 milliards de DH dont 60% pour la masse salariale et le reste pour les investissements et les dépenses récurrentes (médicaments).
Réforme hospitalière: 21 hôpitaux bientôt ciblés
La réforme hospitalière engagée par le secteur de la santé en est à sa 3e phase. L’expérience a été initiée à l’échelle de 14 hôpitaux régionaux et 5 hôpitaux dans la région de l’Oriental. Dans le cadre d’un financement sous forme d’un prêt à 50% (50% proviennent des sources propres de l’Etat marocain), le ministère investira dans 21 autres hôpitaux. Les travaux, la mise à niveau des équipements et des bâtiments seront achevés dans les deux prochaines années.