Le cancer de la prostate est l'un des plus répandus, mais peut-être aussi l'un des plus mal soignés. En cause : le test standard de détection du cancer de la prostate, le PSA, qui consiste à mesurer la quantité présente dans le sang d'une protéine produite par la prostate.
Début mars, l'American Cancer Society, qui ne recommande pas de pratiquer des tests PSA (prostate specific antigen) de routine pour la plupart des hommes depuis les années 90, a exhorté les médecins à parler franchement avec leurs patients de ses risques et limites.
Elle recommande que les hommes, en bonne santé, ne présentant aucun symptôme de cancer de la prostate et ayant une espérance de vie d'au moins 10 ans, soient informés dès 50 ans par leur médecin des incertitudes, risques et bienfaits potentiels d'un test PSA avant de décider de s'y soumettre. "Pour ce groupe, les risques d'un test PSA sont probablement plus élevés que ses bienfaits", écrit l'American Cancer Society.
Le problème avec le PSA est qu'il ne permet pas de faire la distinction entre des cancers agressifs, requérant une intervention, et des tumeurs se développant lentement qui, en fonction de l'âge du patient, ne seront probablement pas la cause du décès. De plus ce test peut donner des résultats erronés. Or, au nom du principe de précaution, les médecins recommandent en cas de test positif de procéder à des biopsies douloureuses ou à des interventions chirurgicales aux conséquences néfastes comme l'impuissance sexuelle.
Sur 48 interventions, 47 étaient inutiles
Deux études, une conduite en Europe et l'autre aux Etats-Unis, publiées en 2009 dans la prestigieuse revue médicale américaine New England Journal of Medicine, ont mis en lumière ce problème.
Du coup, l'inventeur même du PSA, le Dr Richard Ablin, professeur d'immunobiologie à la faculté de médecine de l'Université d'Arizona, parle aujourd'hui de "grande erreur". En prenant pour base la population américaine, il souligne dans le New York Times que les hommes présentent 16% de risque d'avoir un cancer de la prostate mais seulement 3% de probabilité d'en mourir, la plupart de ces cancers se développant lentement.
La communauté médicale commence trop lentement à revenir sur l'utilité du PSA, déplore-t-il, attribuant cette mauvaise volonté à l'appât du gain des laboratoires pharmaceutiques.