Des centaines de milliers d'équipements très faiblement radioactifs, disséminés sur le réseau de France Télécom depuis des décennies, présentent-ils un risque sanitaire pour les agents ?
La question, posée avec insistance depuis des années par les représentants du personnel, pourrait connaître un début de réponse dans les prochains mois : l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) analyse actuellement, à la demande de l'opérateur téléphonique, les niveaux d'exposition aux rayonnements des agents au contact de parafoudres radioactifs.
Sans attendre ces résultats, un rapport commandé par la CGT FATP (Fédération des activités postales et de télécommunications) du Cantal à la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), rendu public lundi 15 mars, estime que "les expositions aux rayonnements ionisants émis [par ces dispositifs] n'étaient certainement pas négligeables".
Destinés à éviter des surtensions sur les réseaux, ils ont été installés entre 1940 et la fin des années 1970. Il en subsiste un nombre indéterminé, mais sans doute important : en 2002, un rapport commandé par France Télécom avançait le chiffre de 700 000 à un million de ces parasurtenseurs, avec une marge d'erreur de 50 %.
L'étude de la Criirad porte sur certains modèles manipulés par des agents de la CGT du Cantal, contenant essentiellement du radium 226 et du tritium. Bruno Chareyron, responsable du laboratoire, reconnaît que l'on reste dans le domaine des très faibles doses et ne souhaite pas engendrer de "psychose", mais il souligne que, selon des calculs "très estimatifs", certains scénarios laissent penser que la limite d'exposition annuelle pour la population (hors sources naturelles et médicales), à savoir un millisievert (mSv), a pu être dépassée. A titre de comparaison, l'exposition d'origine naturelle est d'environ 2 mSv/an.