Le seul port fluvial que compte le Maroc. Ouvert en 1913, le port de Kénitra est fermé à la navigation depuis vendredi dernier. Officiellement «pour manque de profondeur».
Pour chaque journée d’attente pour les bateaux affrétés, le consignataire doit débourser la bagatelle de 3.000 euros.
La situation du port est jugée dramatique car résultant d’une lente agonie.
Au-delà, deux handicaps majeurs distinguent ce port :
- Un déficit gravissime d’équipements. Les quatre grues en place tombent constamment en panne. Et leur réparation est souvent supportée par les sociétés privées. De fait, ces engins constituent le reliquat d’un lot de 7 grues offertes par le port de Marseille en 1957.
- Manque du personnel. En tout, l’outil portuaire compte 5 agents (grutiers, conducteurs de tracteurs et élévateurs). Alors que le service était assuré par 25 personnes avant l’opération départs volontaires. Résultat, dès que 2 bateaux se présentent au port, il faut attendre 3 à 5 jours.
Près de 200 emplois permanents se trouvent déjà sous la menace d’un chômage longue durée et autant de travailleurs occasionnels. Car personne n’avance une estimation quant à la durée que prendront les travaux de dragage.
Or ce dragage n’a pas été fait depuis 2 années. A cela s’ajoutent les boues, branchages et tout ce qui a été charrié par les pluies diluviennes vers l’embouchure du fleuve, situé à 17 km du port. C’est à ce niveau que se situent les points critiques de la navigation fluviale. Autrefois balisé, ce passage est aujourd’hui impraticable de nuit.
Le trafic qui avait atteint en 1986 le pic d’un million de tonnes a été réduit au cinquième de ce volume actuellement. Il concerne pour l’essentiel l’activité de la Cellulose du Maroc tant à l’import qu’à l’export. Entreprise qui va être obligée d’orienter son trafic vers le port de Casablanca. Cela va se traduire par le traitement de plus de 100.000 tonnes à l’export et un peu plus à l’importation. C’est dire les pertes, en termes de compétitivité, que doit supporter cette entité.