"Il ne faut pas confondre deux notions très différentes, celle de stockage des données et celle de leur archivage. Les progrès spectaculaires des disques durs et la chute de leur prix permettent maintenant de stocker aisément de l'information ; mais archiver de cette façon sur des décennies ou un siècle pose un tout autre problème, du fait que les supports numériques n'ont qu'une durée de vie de 5 à 10 ans environ", souligne un rapport intitulé "Longévité de l'information numérique".
- En 2002, l'Unesco estimait la production annuelle de l'humanité à 1,5 milliard de gigaoctets.
- Pour 2007, le cabinet d'étude IDC évaluait à 281 milliards de gigaoctets, la production mondiale de données numériques annuelle.
- 10 milliards de disques optiques numériques enregistrables (DONE) ont par ailleurs été vendus en 2009 dans le monde.
- Photos de famille,
- vidéos de vacances,
- documents personnels stockés sur disque dur,
- CD ou DVD
sont les principaux éléments exposés au risque de pertes de données.
Les disques enregistrables, qu'il s'agisse du CD, apparu dans les années 1980, ou le DVD-R, massivement utilisé à partir de 2004, "se dégradent constamment, même s'ils ne sont pas utilisés", prévient en effet le rapport.
Pour les chercheurs, les nouveaux formats, tels que les disques Blu-Ray, ne garantiraient pas non plus une meilleure durée de vie.
Les institutions, telles que la BNF, le CNES et l'INA mais aussi des banques, se sont pour leur part lancées dans une "stratégie active" de "migration perpétuelle", c'est-à-dire une recopie fréquente vers un support plus neuf.
Pour prévenir une telle amnésie des contenus numériques, le comité d'experts préconise de multiplier les sauvegardes. Mais si les 25 millions de foyers français devaient recopier périodiquement leurs archives personnelles afin de conserver, durant 25 à 50 ans, des données de 100 gigaoctets à 1 teraoctet chacun, cela pourrait représenter un coût annuel de 2 à 20 milliards d'euros, soit 100 à 1 000 euros par an et par foyer, tempèrent-ils.
Pour éviter ce "coût astronomique", auquel s'ajouterait une "consommation énergétique non négligeable", ils ont donc élaboré une série de recommandations. Appelant à engager des études approfondies dans ce domaine et à "élaborer une politique d'archivage numérique", ils estiment nécessaire de soutenir des techniques innovantes.
Parmi celles-ci figure le Century Disc, gravé sur verre trempé, inventé en France dans les années 1980. "Sous sa forme actuelle, ce format inclut une couche métallique qui le rend totalement compatible avec les lecteurs ordinaires", précisent les chercheurs. Mais si le support semble plus fiable, il demeure coûteux, de l'ordre de 100 euros l'unité, et ne doit pas être confondu avec certains produits vendus moins chers en ligne. Le rapport évoque également les disques holographiques, "où l'information est écrite en volume", ce qui permet de s'affranchir de "tous les problèmes liés aux pollutions en surface", souligne aussi le rapport.