Clinique rime au Maroc avec confort, qualité, hygiène. Des inspections menées par le ministère de la santé semblent créditer le contraire.
Les équipes ayant inspecté une vingtaine de cliniques les plus en vue dans plusieurs villes: Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech, Salé, Khémisset, Taounate... voici les exemples de ce qu’ils ont découverts :
- Des équipements médicaux mélangés à des ustensiles de cuisine et de buanderie,
- Défaillance au niveau des stocks d’oxygène,
- Équipements médico-techniques incomplets,
- Vétustes et rouillés,
- Manque d’hygiène...
- Le minimum de respect des normes de construction et de sécurité n’est pas observé.
- Le groupe électrogène ne dispose pas d’un système de commande lui permettant de se déclencher automatiquement en cas de coupure du courant, ou bien est placé en dehors du bloc médico-technique.
- Des défaillances au niveau des fluides médicaux avec une seule bouteille d’oxygène pleine, tandis que la 2ème de secours est absente ou vide
- L’absence de système by-pass pour le raccordement des bouteilles d’oxygène.
- L’absence d’unité de réanimation et des équipements spécifiques, du sas avant l’entrée au bloc et en salle de réveil.
- Dans certaines unités il n’y a pratiquement pas de salle de stérilisation.
- Dans d’autres cas le poupinel (système de stérilisation par chaleur) qui est censé faire partie des équipements de cette salle, est entreposé dans un local destiné aux services généraux mélangés aux équipements de la cuisine et de la buanderie (un véritable lit aux infections locales que la communauté médicale aime bien désigner sous le terme savant d’infections nosocomiales).
- Dans certaines cliniques, il n’y a pas assez de prises électriques, du moins pas suffisantes pour alimenter toutes les machines nécessaires à la pratique des opérations de chirurgie.
- Le lavabo aseptique est dépourvu de filtre et le défibrillateur n’est pas fonctionnel,
- Les tables d’instruments sont anciennes et vétustes,
- Un appareil d’anesthésie supplémentaire existe mais non fonctionnel (dans un état d’oxydation avancé), qui plus est déposé dans la salle d’opération.
- La marche à deux pieds est oxydée et le scialytique (système d’éclairage utilisé dans les salles d’opération) présente des ampoules non fonctionnelles.
- La 2ème salle d’opération n’est pas épargnée: pas de négatoscope (sorte de petite armoire avec vitre translucide, munie d’un dispositif éclairant, sur lequel le médecin place les clichés). - Présence de poussières et de taches de saleté à l’intérieur de cette salle d’opération.
- La collecte d’aiguilles usagées se fait dans les bouteilles en plastique d’eau au lieu des collecteurs spécialement conçus à cet effet.
- Un système fermant à clé destiné aux produits pharmaceutiques et vénéneux est inexistant.
- Un flacon de produit anesthésiant entamé a été abandonné sur la table d’opération.
- A la salle obstétricale, il n’y a pas de lavabo, pas de lit spécial permettant de mettre la patiente en position gynécologique et de déclive. Quant au lit qui s’y trouve est ordinaire.
- L’incubateur et la table de réanimation néonataux présentent des dysfonctionnements de chauffage et de l’afficheur de température.
Les ressources humaines ne sont pas en reste. Les cliniques n’emploient pas de médecin réanimateur à plein temps. Elles font appel à des médecins, anesthésistes particulièrement, ou aux infirmiers qui travaillent dans les hôpitaux publics (c’est le temps plein aménagé-TPA officieux ou au noir pour lequel privé et public ont trouvé un terrain d’entente!).
Parfois les infirmiers sont formés sur le tas...
Compte tenu de cette situation, Yasmina Baddou vient d’adresser des mises en demeure à une vingtaine d’entre elles. Celles-ci ont un délai d’un mois pour se conformer aux normes réglementaires. Dans le cas contraire, elle sera dans l’obligation d’ordonner leur fermeture par décision judiciaire.
D’autres vont suivre. Le but est d’arriver à inspecter chaque clinique au moins une fois par an. L’objectif est de mettre de l’ordre dans les 360 cliniques que compte le pays. Il en va de la santé des citoyens.