C'est à cette question qu'a tenté de répondre l'Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, dans un rapport publié jeudi 8 avril, après une année d'études réalisées par le bureau Bio Intelligence Service.
Comparés aux carburants fossiles, les agrocarburants produits et importés en France (dits de première génération) émettent de 24 à 91 % de gaz à effet de serre (GES) en moins.
Les gains nets en émission de GES sont d'environ 50 à 70 % pour les bioéthanols (fabriqués à partir de biomasse), le meilleur élève étant l'éthanol de canne à sucre (72 %). Le gain s'avère encore meilleur pour les biodiesels (obtenus à partir d'huile végétale ou animale), qui assurent de 60 % à 90 % de réduction. Le bilan est en revanche plus faible pour la filière ETBE issue des éthanols de blé ou de maïs : entre 24 et 31 % d'émissions en moins.
Problème : ce bilan s'avère beaucoup plus contrasté, si l'on tient compte de l'impact des changements d'affectation des sols. Par exemple, en transformant une forêt, capable de stocker du CO2 et qui en émet quand on la détruit, en un champ de cultures, on peut renverser le bilan environnemental des agrocarburants.
Ainsi, le biodiesel de soja, qui offre une réduction de 77 % d'émission de GES sans prise en compte du changement de sol, ne présente plus le même profil dans le scénario "pessimiste" (un hectare de forêt tropicale transformé en un hectare de culture de biocarburants) : il émet alors 5 à 5 fois plus de GES que le gasoil. Le même phénomène de pollution est à l'œuvre en cas de dégradation des sols liée à la culture intensive de canne à sucre ou de palmiers à huile.
La directive européenne "Energies renouvelables" du 23 avril 2009 demande en effet aux Etats membres d’incorporer dans les transports 10 % d’énergies renouvelables produites de manière durable, avec pour critère une réduction de 35 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux équivalents fossiles en 2010, puis 50 % en 2017. La France, qui produit 75 % de biodiesel et 25 % d'éthanol, est sur le point d'atteindre cet objectif de 10 % d'agrocarburants dans les transports, mais ceux-ci ont pour l'instant seulement permis de réduire de 4 % les émissions du secteur.
http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/04/09/les-agrocarburants-sont-ils-polluants_1331562_3244.html