Le Maroc est 2e dans le pourtour méditerranéen (après la Turquie) en terme de biodiversité végétale et 1er pour sa biodiversité animale. Et une telle richesse a besoin d’être protégée.
Depuis début août 2010, le Maroc a mis en place une nouvelle législation relative aux aires protégées: parc naturel ou national, réserve biologique ou naturelle, site naturel.
Il abroge ainsi l’ancien texte qui date du 26 septembre 1934 (à l’origine de la création du 1er parc national au Maroc. Celui de Toubkal, dans les environs de Marrakech).
L’article 40 de la nouvelle législation ne prévoit pas de période transitoire pour son entrée en vigueur. Autrement dit, la loi n° 22-07 est applicable depuis sa promulgation au Bulletin officiel du 2 août 2010.
Reste le littoral, dont un projet de loi est au Parlement : Ce sont 3.446 km de nos côtes, déjà malmenées, qui n’ont toujours pas de bouclier juridique.
La loi sur les aires protégées, elle, se donne pour ambition de rattraper le temps perdu.
Le préambule de la loi sur les aires protégées annonce comme objectif : «la conservation du patrimoine naturel et culturel, son développement, son aménagement et la recherche scientifique …».
Depuis 1996, le Haut commissariat a élaboré un plan directeur des aires protégées et a permis d’identifier 154 sites d’intérêt biologique et écologique (SIBE). 2,5 millions d’hectares sont concernés et regroupant les 40 grands écosystèmes de notre pays. Seuls les parcs nationaux –qui font partie des SIBE- sont juridiquement protégés depuis 1934. Les autres sites, 144 au total, sont sans protection légale. Ce qui représente en termes de superficie 1,7 millions d’hectares.
En plus du parc national, la loi consacre 4 nouvelles catégories d’aires protégées. Et dont la définition se fonde sur les critères de l’Union mondiale de la nature.
Sur le terrain, le Maroc n’a vraiment pas fait preuve d’assiduité. Qui dit aires protégées dit aussi biodiversité. Publié en 2009, le rapport national sur la biodiversité relate une réalité amère: «la tendance générale est à la dégradation et d’importantes menaces pèsent sur la biodiversité». Le rendez-vous de Nagoya au Japon prévu en octobre 2010 sera manqué. Certes le Maroc y sera présent aux côtés de 192 pays membres des Nations unies. Mais il ne tiendra certainement pas le beau rôle au moment où l’on a fait de 2010 l’Année internationale de la diversité biologique.
Sa soit-disant stratégie nationale de la biodiversité 2004-2010 n’a pas donné lieu à de grands résultats. A cause entre autres de beaucoup d’improvisation et d’un grave manque de coordination. Or à Nagoya justement chaque pays doit faire son bilan. L’intérêt d’un tel exercice réside aussi dans la possibilité de prétendre après à des fonds d’aides internationaux.
Il est à craindre que l’application de la loi sur les aires protégées révèle des surprises: les sites à proximité de zone urbaine (cas de la zone humide de Mohammedia et de Saïdia) ont déjà été saccagés par la promotion immobilière… la station touristique de Saïdia déverse ses eaux usées dans le bassin de Oued Moulouya et la zone humide avoisinante