Selon l’étude réalisée par l’Association des professionnels du sable et rendue publique fin septembre, le Maroc devra construire annuellement d’ici 2012 :
- plus de 150.000 logements,
- 3 barrages,
- 130 km d’autoroutes,
- un important programme portuaire, logistique,
- 1.300 lycées .
Les chantiers concernent aussi :
- la construction des canaux et de stations dans le cadre du plan Maroc Vert, Azur,
- des centres hospitaliers,
- la mise à niveau urbaine,
- des villes nouvelles,
- la reconstruction de mosquées…
Selon les chiffres officiels, qui datent de 2009, l’offre de sable légale s’élève à environ 11,2 millions de m3. Ce sable provient essentiellement des oueds (3,6 millions de m3), des dunes (3,4 millions), du concassage (3 millions de m3). Le sable provenant du dragage représente à peine 1,2 million de m3.
Or, la demande actuelle est de 20 millions de m3. D’où un déficit de 8,8 millions de m3. la différence représente l’informel.
Consommation par région :
- la région du Grand Casablanca plus de 3 millions de m3,
- Tanger-Tétouan : plus de 2,5 millions de m3
- la région du Souss un peu moins de 2 millions de m3.
Selon les prévisions de l’Association des professionnels du ciment (APC), la demande en sable pourrait atteindre 30 millions de m3 en 2015 et 40 millions en 2020.
Comment compenser donc le différentiel et faire face à la future demande?
En raison de la forte pression sur le sable, l’exploitation des carrières ne se fait pas toujours dans des conditions normales. Dans le cas des carrières informelles, elle est assimilée à du pillage de la ressource. Ce qui a eu un impact important sur l’environnement, notamment la destruction du littoral et des cours d’eau ou encore la migration des sables vers la forêt. De plus, les lits et méandres des oueds ont été défigurés. Pis encore, dans certaines régions, les nappes phréatiques ont été perturbées.
En outre, le sable connaît une certaine pénurie à Fès, Marrakech, Taza… L’approvisionnement en sable depuis des zones éloignées engendre des surcoûts de transport. Ces derniers sont estimés entre 10 et 15% pour chaque tronçon de 10 km. Et les prix ne sont pas uniformisés. Ils varient entre 300 DH à Fès et 180 DH environ à Casablanca.
Une situation due à la non-réactualisation du dahir de 1914 relatif à l’exploitation des carrières, qui date de 1914. Le gouvernement a bien promulgué la loi 08-01 en 2002 pour mettre fin à l’anarchie, sauf que le décret d’application n’a pas encore vu le jour. Chose à laquelle la commission interministérielle chargée de la problématique du sable, réactivée en 2010, a essayé de remédier en préparant un projet de circulaire concernant l’exploitation des carrières. Le texte, qui vient combler l’absence d’un décret d’application pour la loi 08-01, a d’ailleurs été publié par le Premier ministre en juin dernier.
La commission a également préconisé un scénario d’approvisionnement mixte via deux principales solutions alternatives: le dragage et le concassage. «Le gisement avéré pour le sable de dragage s’élève à 4,5 milliards de m3 à travers les deux façades maritimes du pays, tandis que les réserves avérées de sable concassage s’établissent à 2,5 milliards de m3», explique Hassan Jai, président de l’APS.
Quant à l’extraction de sable en provenance des oueds, le secrétariat à l’Eau et à l’Environnement autorise environ 8,6 millions de m3 par an. Le ministère de l’Equipement et du Transport veut le plafonner à 3,3 millions de m3 par an. Pour sécuriser l’approvisionnement en sable, l’APS recommande le lancement d’appels d’offres relatifs au dragage du sable et l’activation du schéma d’exploitation des carrières massives. L’objectif est de promouvoir l’investissement dans ce secteur.
A côté de ces sources d’approvisionnement, le sable des dunes, dont l’exploitation était évaluée à 15 millions de m3, ne sera plus extrait que dans la région de Laâyoune à raison de 1 million de m3 par an. Il s’agit d’une mesure visant à protéger le littoral, l’arrière-pays ainsi que les nappes phréatiques. Le sable des dunes était extrait au niveau de 168 points de prélèvement dont 30 communes littorales, 17 provinces et préfectures et 11 régions. Selon les statistiques officielles, il n’existe plus que 23 carrières de sable de dunes autorisées. La dernière autorisation accordée pour l’extraction de ce type de sable remonte à 2008.
Des chiffres :
La construction d’un barrage nécessite 400 à 600 km3 de sable,
un bâtiment public (lycée ou hôpital) 15 à 20 km3
un logement entre 50 et 100 m3.
Au Maroc, le bâtiment consomme 73% de la production de sable. Le reste est absorbé aux travaux publics.