La ministre de l'emploi a annoncé la fin de la priorité aux allemands pour certaines professions menacées par la pénurie de main d'œuvre outre-Rhin. Mais l'aile droite de la coalition rechigne à voir les frontières s'ouvrir.
Concernés : les métiers d'ingénieurs dans l'électronique, les machines-outils et la production automobile. Ces exceptions pourraient voir le jour au cours du premier trimestre 2011.
Aujourd'hui, le droit allemand prévoit une préférence de priorité pour les nationaux. Lorsqu'un étranger trouve un travail en Allemagne, il doit demander une autorisation de séjour aux autorités qui ne l'accordent que lorsque l'agence pour l'emploi (BA) assure qu'aucun Allemand n'est en mesure de remplir la tâche concernée.
Les étrangers présents en Allemagne depuis plus de 3 ans et les ressortissants des 15 pays membres de l'UE avant l'élargissement de 2004 ne sont pas concernés par cette restriction. Elle n'en limite pas moins l'accès au marché du travail allemand. D'autant qu'un revenu minimum de 66.000 euros mensuels est exigé pour que l'autorisation soit accordée.
Ces protections ne semblent plus de mises dans certains secteurs qui sont d'ores et déjà confrontés à une véritable pénurie de main d'œuvre. Selon les statistiques du BA, 67.000 places d'ingénieurs n'étaient pas pourvus en Allemagne en octobre 2010 et seulement 24.000 ingénieurs étaient sans emploi.
Sur le terrain, la situation est parfois difficile. Dans le sud de la Bavière, à Rosenheim, où le chômage est désormais de 3,2 % de la population active, recruter des ingénieurs est devenue une gageure. A la chambre de commerce et d'industrie de Haute Bavière (IHK Oberbayern), on fait de ce sujet la "préoccupation principale du moment" et on reconnaît que "certaines entreprises doivent refuser des commandes faute de main d'œuvre qualifiée". Bref, c'est la croissance allemande qui pourrait rapidement être freinée par le facteur humain.