L'Etat balte de 1,3 million d'habitants est le premier pays ex-soviétique à abandonner le rouble, dès 1992, l'Estonie a immédiatement arrimé sa monnaie — la couronne — au deutsche mark, puis à l'euro. De fait, elle avait donc renoncé depuis longtemps à exercer une quelconque politique monétaire.
L'entrée de l'Estonie dans la zone euro a également été facilitée par son statut de "bon élève" sur le plan de la rigueur budgétaire. Elle n'a rencontré aucune difficulté à respecter les critères de Maastricht : alors que le pacte de stabilité impose un déficit budgétaire ne dépassant pas 3 % du produit intérieur brut, celui de l'Estonie ne devrait atteindre que 1,3 % en 2010.
La dette publique estonienne est plus exemplaire encore : elle devrait plafonner à 8 % du PIB, quand Maastricht fixe à 60 % la barre à ne pas dépasser.
Enfin, Tallinn a réussi à contenir l'inflation, dont le niveau trop élevé l'avait empêché, en 2007, d'intégrer la monnaie unique.
Avec l'entrée de l'Estonie dans la zone euro, plus de 330 millions d'Européens utilisent désormais les billets et pièces en euros.
Derrière l'Estonie, les deux autres Etats baltes — la Lettonie et la Lituanie —, ainsi que la Bulgarie, souhaitent pousser la porte de l'Eurogroupe assez rapidement, ce qui ne sera pas le cas avant 2013.
Mais pour bien d'autres candidats potentiels, la zone euro, toujours empêtrée dans les crises grecque et irlandaise, est devenue synonyme de méfiance. La Pologne, la Hongrie ou encore la République tchèque freinent des quatre fers.
Avec un produit intérieur brut d'environ 14 milliards d'euros, l'Estonie ne va pas peser bien lourd par rapport aux 8 956 milliards d'euros de PIB des 16 pays membres de la zone euro en 2009. Pour l'Europe, il s'agit surtout d'une entrée symbolique.