Etrange agression ou tentative d’assassinat d’un cadre supérieur du journal Al Massae ? Abdellah El Hattach, quelques minutes après son agression (Photo : Karim Fizazi)
Casablanca.- Abdellah El Hattach, le conseiller du président du conseiller d’administration du groupe
Massae Media, qui édite le quotidien
Al Massae, a été victime hier, vers 22h40, d’une violente agression qui aurait pu mal finir.
Trois hommes, à l’allure sportive et à visage découvert, l’ont attendu devant le 219 du boulevard d’Anfa à Casablanca, avant de se ruer vers lui et quand il est sorti de l’immeuble où il rendait visite à une collègue.
Les trois assaillants, qui l’ont attendu, selon un témoin, de 19h00 jusqu’à 22h40, étaient armés de battes de baseball.
Frappé violemment à la tête et aux membres supérieurs, durant plusieurs minutes, El Hattach a perdu connaissance et est tombé par terre. Après le départ de ses agresseurs, qui ont quitté tranquillement les lieux sans se soucier des témoins, il a pu contacter des amis et des collègues qui ont rapidement accouru.
Transporté à la clinique Al Andalous, les médecins ont diagnostiqué un traumatisme crânien et la fracture des deux bras avec lesquels il s’est servi pour se défendre. Selon une source médicale, l’agression aurait pu être fatale à El Hattach, la victime souffrant de problèmes cardiaques. Hier, une grosse tâche de sang était toujours visible sur les lieux de l’agression.
Traces de sang sur les lieux de l'agression (Photo : A.L.)
Selon toute probabilité, l’agression n’aurait rien à voir avec un crime de droit commun, puisque ce cadre supérieur du quotidien
Al Massae n’a pas été cambriolé. On ne lui a rien pris, ni ses deux portables neufs ni son portefeuille.
«
Les coups portés étaient vraiment terribles. Ce types sont venus pour le tuer, pas pour lui faire peur« , insiste Mustapha El Fanne, un journaliste d’
Al Massae qui a été le premier arrivé sur les lieux.
Deux témoins oculaires, dont l’un, le gardien de voitures qui avait repéré les agresseurs dès 19h00, ont indiqué à un reporter de
Demain qu’ils ont bien dévisagé les agresseurs d’Abdellah El Hattach. Et selon une source policière, les témoignages oculaires des deux témoins ainsi que les cheveux arrachés à l’un des agresseurs, que la police scientifique a récupérés, sont autant d’éléments qui promettent «
une résolution rapide du crime ».
Il n’empêche, ce n’est pas la première fois qu’un journaliste ou une personnalité du monde de la culture sont agressés en pleine rue sans qu’il y ait «
résolution rapide du crime ».
Le directeur d’
Al Massae, Rachid Niny, ainsi qu’un ex-journaliste de ce quotidien, Abdelilah Sakhir, et l’ex-rescapé de Tazmamart, Mohamed Marzouki (celui-là à Bruxelles) ont été violemment agressés par des inconnus parlant marocain sans qu’on connaisse aujourd’hui les noms de leurs agresseurs ou de leurs commanditaires.
De même, l’humoriste marocain Ahmed Snoussi, « Bziz » se plaint depuis plusieurs mois de menaces de mort sans que le parquet, si prompt à diligenter des enquêtes contre des journalistes et des dissidents, ne daigne bouger le petit doigt.
Hier, certains journalistes présents à la clinique A Andalouss étaient formels : l’agression d’El Hattach est un message qu’on envoie à ceux qui seraient tentés d’évoquer des sujets sensibles en ces temps incertains.