Les photos « compromettantes » de Nadia Yassine
Ce qu’on a lu cette semaine sur certains médias électroniques est le summum de la barbouzerie journalistique et politique. Un brinquebalant site web financé par les
services (ils commencent à pousser comme des champignons depuis quelques semaines) a publié de soi-disant
photographies « compromettantes » de Nadia Yassine, la fille du cheikh Abdeslam Yassine, adversaire irréductible, mais pacifique, de l’autocratie alaouite.
En quoi consistent ces photos « compromettantes » ? En réalité, elles ne sont «
compromettantes », comme vous pouvez le constater, que dans l’esprit malade de ceux qui les ont prises et publiées.
Dans ces clichés, on voit Nadia Yassine marchant à côté d’un homme dans une rue d’Athènes. Ce fut lors d’une rencontre internationale en Grèce, en 2006.
Sur ces photos, on ne voit rien de scandaleux, ni de «
compromettant ». La fille du cheikh islamiste n’est pas nue, elle n’est pas en mini-jupe, et on ne voit aucun geste déplacé ou hors des « lignes de conduite » que doit avoir une «
bonne » mère de famille marocaine.
En fait, il n’y a rien de
spécial dans ces photos. La seule chose
spéciale c’est que des « personnes » ont pris la peine de se déplacer jusqu’en Grèce pour prendre des photos sous différents angles d’une personnalité qui gêne énormément le régime.
Qui a pris ces photos ? Apparemment, c’est la DGED de Mohamed Yassine Mansouri, la seule « administration » qui peut opérer au-delà du territoire national. Dans quel but ? Essayer de discréditer l’une des voix de l’islamisme marocain.
Il faut savoir que quand on ouvre la voie à ces barbouzeries photographiques, il ne faudrait pas s’offusquer si demain d’autres fassent la même chose, mais en sens inverse.
Quand il y a quelques mois certains journaux électroniques ciblés ont reçu une photo « compromettante » de la progéniture d’un couple très haut placé dans l’administration makhzenienne, elle ministre et lui grand ponte de l’Etat, la plupart ont refusé de la publier. Et quand quelques jours plus tard, ils ont reçu d’autres photos encore plus « compromettantes » d’une princesse alaouite passant ses vacances dans une station balnéaire brésilienne, quasiment tous (noblesse alaouite oblige ?) ont refusé de les publier.
Jusqu’à maintenant les journalistes évitaient de regarder par le trou de la serrure ou de s’intéresser à ce qui se passe dans les confortables alcôves de leurs dirigeants. Si le régime commence à transgresser certaines règles de bienséance, comme l’avait fait le régime de Ben Ali avant sa chute, pourquoi d’autres ne l’imiteraient pas ?
Ali Lmrabet