Le pacha de Settat interdit un spectacle imaginaire de l’humoriste Bziz Ahmed Snoussi lors de la marche de Casablanca le 29 mai (Photo AIC Press)
Casablanca.- Le
pacha de Settat a interdit dimanche dernier, 29 mai, un spectacle d’
Ahmed Snoussi,
Bziz, qui devait se tenir le même jour, selon ce responsable sécuritaire.
Sauf que
Bziz n’a jamais été invité à Settat et n’a par conséquent jamais eu l’intention de se déplacer dans cette ville de la Chaouia. D’ailleurs, ce jour-là il se trouvait à Casablanca dans la manifestation (Voir photo) en hommage à
Kamal Ammari, ce jeune activiste du mouvement du 20 février tué par la police à Safi quelques jours plus tôt.
L’affaire commence la semaine dernière quand les antennes locales de deux partis nationaux, le Parti socialiste unifié (
PSU), le Parti du progrès et du socialisme (
PPS), et celles de la Confédération démocratique du travail (
CDT) et de l’Association marocaine des droits humains (
AMDH), informent les autorités locales qu’elles vont organiser une rencontre-débat dans une salle de la municipalité.
Quelques jours plus tard, les responsables de ces organisations tombent des nues quand le pacha les informe verbalement qu’il n’en est pas question. «
Pourquoi ? » demandent-ils. «
Parce que vous avez invité Bziz. Il est déjà à Settat. Il se cache quelque part », rétorque le haut fonctionnaire de la wilaya, à la grande surprise de ses interlocuteurs.
Et quand ces derniers insistent pour connaître les véritables raisons de cette interdiction, le pacha répète : «
Bziz est toujours interdit. Nous ne faisons qu’appliquer de hautes instructions ». Des propos qui ont été confirmés à
Demain par la présidente de l’AMDH,
Khadija Ryadi.
Pourtant, pratiquement tous les ministres de la communication de ces dernières années, de
Mohamed Achaâri à
Nabil Benabdellah (et d’autres…), ont juré que les «
portes sont ouvertes à Ahmed Snousi« . L’actuel pacha de la communication Khalid Naciri, quant à lui, a reconnu lors d’une rencontre à Casablanca que «
Bziz serait interdit tant qu’il utiliserait l’humour politique« . Même si, apparemment, ça touche son propre parti. Naciri est membre du bureau politique du PPS.
Contacté par
Demain,
Bziz confirme qu’il n’a jamais été invité à Settat et que par conséquent qu’il n’a jamais été question pour lui de s’y rendre. Il dénonce cette «
interdiction en amont » et se réaffirme dans son soutien aux revendications des jeunes du 20 février. «
Voilà la preuve que je suis toujours interdit, alors que certains, en haut lieu, prétendent le contraire. Je suis interdit même dans leur imagination sécuritaire », conclut-il.
Abdellatif Gueznaya