Plusieurs fruits et légumes ont été officiellement déclarés "en crise" : l’abricot, le melon, la poire, la prune, la tomate, ou encore le concombre. Leurs prix sont inférieurs de 15 % à 45 % à la moyenne des 5 dernières années.
Les niveaux actuellement pratiqués ne permettent pas de s’en sortir.
Un défaut de compétitivité
La pêche française se vend environ 1,30 euro en temps normal, contre 1 euro en cette période de crise. En Espagne, les producteurs la vendent 50 centimes. En Espagne aussi, la crise touche les producteurs, qui vendent à perte.
Ce sont ces différences de coût du travail, mais aussi des normes environnementales et de qualité entre les Etats de l'UE, qui posent problème. En témoignent ces pêches de petit calibre ou attaquées par le virus de la sharka, interdites à la commercialisation en France, pourtant en route vers les supermarchés de l'Hexagone.
Des fruits français de plus en plus précoces
Si la concurrence des pays méridionaux d'Europe se fait plus durement sentir cette année, c'est que les fruits français ont mûri en avance – de trois semaines pour les pêches. Résultat : ils arrivent en même temps que ceux d'Espagne, d'Italie ou de Grèce sur les étalages.
La grande distribution tire les prix à la baisse
Depuis la crise agricole de 2009, largement due aux relations avec la grande distribution, des mesures ont été prises pour instaurer plus d'équité. Et les grandes surfaces jouent désormais le jeu en mettant en valeur les origines françaises, concèdent les producteurs. Mais aujourd'hui, les distorsions de marché engendrées par les différents coûts de production entre pays permettent à la grande distribution de tirer les prix vers le bas.
Et ce n'est pas tout : des problèmes persistent, quant à la régularité des ventes notamment: "Les jours de promotion, on a du mal à suivre au niveau de la production. Mais le reste du temps, les grandes surfaces ne mettent pas en avant leurs rayons fruits, et ne sortent presque rien. Le marché s'engorge. Ce qui les arrange bien puisque du coup, les prix s'effondrent." Or, pour les producteurs de fruits, le chiffre d'affaire annuel se joue en 2 ou 3 mois, voire en à peine deux semaines pour les fraises et les framboises.
Les consommateurs mangent moins de fruits et légumes frais
Cet été, la météo aurait découragé les Français de déguster nectarines, framboises ou prunes, des fruits associés aux chaleurs estivales. Quant aux légumes, ils auraient subi l'onde de choc de la crise sanitaire de l'E. Coli.
Au-delà de ces événements, la consommation alimentaire change. Elle représente 13,4 % du budget des Français en 2007, selon le ministère de l'agriculture, contre 20 % dans les années 1960, selon l'Insee, qui relève une hausse de la consommation de fruits et légumes frais proche de zéro depuis cinquante ans.