Le nouveau patron de Scotland Yard a pris ses fonctions en septembre 2011 et multiplie les opérations coup-de-poing. Sa doctrine : "la police totale", une idée proche de la tolérance zéro inventée à New York par le superflic américain Bill Bratton, lui-même conseiller du gouvernement britannique depuis l'été 2011.
Suivant cette logique, une à deux fois par mois, la police de Londres met toutes ses forces dans la lutte contre un crime spécifique, mobilisant jusqu'à 5 000 hommes en même temps. Selon M. Hogan-Howe, au physique aussi sec et dur que sa doctrine, mieux vaut intervenir de façon spectaculaire plutôt que de diluer l'effort : cela marque les esprits et a un effet dissuasif.
C'est ainsi qu'il s'en est pris aux bars et boîtes de nuit qui vendent de l'alcool sans licence, aux voitures sans assurance, et a mené une "purge" contre les cambrioleurs juste avant Noël. Le tout avec un goût prononcé pour les interventions spectaculaires. "Cela doit être très visible : nous faisons autant de publicité que possible", explique le commandant Stephen Watson, chargé de ces grandes opérations.
L'opération Fallon, vendredi soir, ne dérogeait pas à la règle. Les personnes interpellées n'étaient pas conduites au commissariat mais dans une immense tente de 25 mètres de long, installée pour la nuit dans une rue à proximité des bars. A l'intérieur, elles passaient chacune dans une cellule à l'abri des regards, pour une fouille corporelle complète.
En même temps, dans une rue voisine, une autre patrouille, gyrophare allumé et radar repérant les plaques d'immatriculation, détecte les voitures listées sur des fichiers de suspects. Quand deux voitures de sport flambant neuves, moteurs rugissants, sont arrêtées, cinq jeunes en descendent : non assurés, ils rentrent à pied...
A très court terme, les chiffres sont éloquents, avec une réduction de moitié des crimes pendant la nuit de l'intervention. Mais à long terme, ce n'est pour l'instant pas prouvé.
M. Hogan-Howe met en avant son succès à Liverpool, où il a dirigé la police de 2005 à 2009, et où les statistiques des crimes et délits ont fortement baissé. Mais Londres est une ville beaucoup plus grande et il est difficile de s'y concentrer quartier par quartier, comme il l'avait fait dans le nord de l'Angleterre.
Le superflic de la capitale britannique doit encore faire ses preuves.