Enquête présentée le mardi 20 mars 2012
Les chiffres :
97,5% des Français ont accès tout au long de l'année à une eau de bonne qualité
1 760 000 personnes reçoivent une eau non conforme
L'UFC-Que Choisir, qui s'est basée sur les résultats d'analyses publiés par le ministère de la santé, a pris le parti de considérer comme "non conforme" l'eau d'une commune dont au moins un quart des analyses effectuées en 2 ans ont montré qu'elle se trouvait au-dessus des limites réglementaires pour un des 6 critères retenus :
- La qualité bactériologique,
- La teneur en aluminium (les sels d'aluminium sont utilisés pour rendre l'eau plus limpide),
- La radioactivité (d'origine naturelle),
- La présence de résidus de pesticides,
- Le taux de nitrates,
- La teneur en sélénium, élément présent dans la croûte terrestre que l'on retrouve dans l'eau issue des nappes phréatiques.
Les constats :
"Quasiment aucune pollution n'est relevée dans les grandes villes ou les villes de taille moyenne", selon l'enquête.
Les 2 747 communes où des dépassements de normes ont été relevés comptent en moyenne 500 habitants. L'étude met cela sur le compte de contrôles trop peu fréquents pour "assurer le suivi minimal requis".
4 villes de plus de 20 000 habitants distribuent cependant une eau contenant trop de résidus de pesticides : Sens (Yonne), Lisieux (Calvados), Firminy (Loire) et Bourgoin-Jallieu (Isère).
L'étude confirme que l'agriculture est bien aujourd'hui la principale responsable de la pollution des eaux :
- 69% des cas relevés lui sont attribuables,
- 27% revenant à des défauts de traitement de l'eau
- 4% à la radioactivité naturelle.
A eux seuls, les pesticides - et en particulier l'atrazine (désormais interdit mais qui persiste longtemps dans l'environnement) - sont responsables de 60% des cas de pollution d'origine agricole.
Près de 700 000 personnes sont concernées, essentiellement dans le Bassin parisien, le Nord, la vallée du Rhône et le Sud-Ouest.
Curieusement, la pollution de l'eau aux nitrates ne touche pas la Bretagne, où des mesures de protection ont été prises "sous la pression des associations et des consommateurs bretons", estime l'UFC-Que Choisir.
Quant au sélénium, on en retrouve principalement dans les zones de fort prélèvement agricole, où il faut aller puiser dans les eaux souterraines.
L'étude relève que la baisse du volume de pesticides utilisés en France est compensée par le recours à des molécules plus puissantes et donc plus polluantes, et que le recul de l'utilisation des nitrates est très modéré.
Les auteurs regrettent que "bien qu'ils soient majoritairement à l'origine de ces pollutions, les agriculteurs ne financent pas le coût des impacts négatifs de leurs pratiques sur l'environnement" et que l'application de ce principe du "pollueur pas payeur" alourdisse de 6,6% à 11,8% la facture d'eau des consommateurs, qui doivent payer pour la "potabilisation".
Une réforme ?
L'UFC-Que Choisir appelle donc à une réforme de la politique de l'eau et à une réforme profonde des pratiques agricoles. "Il y a une fuite en avant, comme quand l'on préfère abandonner un captage pollué pour aller chercher d'autres ressources plutôt que de traiter la pollution à la source", note Alain Bazot. Des chiffres publiés en février par la direction générale de la santé viennent d'illustrer ce propos : sur 4 811 captages abandonnés entre 1998 et 2008 en France, 41% l'ont été en raison de la mauvaise qualité de l'eau.
Une carte interactive avec les résultats de l’étude : http://www.quechoisir.org/environnement-energie/eau/eau-potable/etude-la-qualite-de-l-eau-du-robinet-de-votre-commune