L’appétit pour l’immobilier n’a pas de frein : espaces verts, prisons et maintenant les pelleteuses aux portes du Club de Tennis Municipal de Tanger.
Les membres du club ont reçu une notification judiciaire leur demandant de libérer une partie des terrains. Il s’agit d’une bande de 2.240 m2 en litige depuis près d’une dizaine d’années.
Lors d’un jugement prononcé en septembre 2011, le tribunal avait ordonné la libération du terrain en faveur du plaignant Rachid Doukkali et de sa société immobilière Douka. Mais ce n’est que la semaine dernière que la procédure d’exécution a été entamée et notifiée au Club, selon Abdelaziz Tlemçani, président du Club de Tennis Municipal de Tanger.
Le terrain correspond à un sixième de la superficie totale du Club, mais il regroupe 3 des 9 courts de tennis dont il dispose. «La perte de ces trois courts mettrait le Club dans une situation intenable qui ne lui permettrait pas de continuer son action. Le bureau actuel a décidé d’ailleurs de rendre les clés si la procédure est menée à terme», explique le président du Club.
En effet, selon lui, ce sont près de 500 membres qui seraient privés d’une partie des terrains de jeu, dont 250 enfants dans le cadre de l’école d’initiation installée au club. Le Bureau a d’ailleurs entamé une série d’actions en vue de sensibiliser et mobiliser autour de sa cause auprès des élus, surtout ceux du Conseil de la ville, propriétaire du foncier qu’exploite le Club.
Le Conseil provincial de Tanger avait promis de prendre le dossier en main et de déclencher une procédure d’expropriation du bout de terrain pour intérêt public. Malheureusement cette dernière a tardé à se concrétiser. Selon les dernières informations, une session extraordinaire devrait être tenue pour discuter de ce point.
«Nous ne pouvons mener aucune action de développement dans ces conditions», affirme Mouloud Bencheikh, secrétaire général du Club. Ce dernier évoque des projets pour moderniser le Club comme l’installation d’un court couvert et d’une piscine. Le Club avait même l’intention de mettre en place une salle de Fitness ouverte au public pour drainer des fonds et assurer un équilibre de ses comptes. Des idées qui resteront dans les cartons tant que la situation foncière ne sera pas assainie.
Le Club Municipal de Tennis de Tanger est l’un des plus anciens du Maroc. Il a été créé en 1935 par un riche mécène anglais. Le Club a donné au Maroc certains de ses plus grands champions de la raquette dont Arafa Chekrouni ou Mounir Laarej, une liste qui risque de ne plus avoir de suite si le Club ferme ses portes.