Environ 3.500 carcasses d’ovins ont été destinées à la destruction samedi dernier.
En cause, une fuite d’ammoniac consécutive à un joint usé s’est déclarée vendredi matin dans les chambres froides. Du coup, les viandes déposées ont été interdites de quitter les lieux pour être incinérées ou détruites selon les procédures d’usage.
Un millier de carcasses, soit l’équivalent de 13 tonnes, avait déjà pris la route de la distribution. Valeur, dimanche dernier, à peine 400 têtes ont été retirées de la vente. «Près de 8 tonnes de viande affectée par l’ammoniac circulent toujours à Casablanca», indique Mohammed Dahbi, coordinateur local de l’Union Générale des Entreprises et Professions (Ugep).
De son côté, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (Onssa) rassure: «le gaz d’ammoniac, utilisé comme réfrigérant, n’est dangereux que s’il est inhalé. Cela ne présente aucun risque ni aucun danger pour la santé publique et ne peut causer qu’un ‘‘problème de goût’’ (organoleptique)», est-il indiqué.
Mais cela n’a pas empêché le syndicat des chevillards, affilié à l’Ugep, de monter au créneau. Il a rappelé dans un communiqué publié samedi ses revendications qui s’articulent principalement autour de la gestion des abattoirs menée par la société turque «Unluer Maroc». Le syndicat pointe du doigt le déficit de contrôle de la part des autorités de la ville du cahier des charges de la gestion déléguée.
Pour leur part, les responsables de la société turque précisent que «la fuite s’est produite vendredi vers 5h30 et a été réparée 40 minutes plus tard». L’incident a été rapidement détecté par le personnel qui s’est empressé de faire venir les services vétérinaires.
«Les abattoirs ont repris leur activité le lendemain avec l’abattage de 500 ovins et 1.500 bovins», souligne le management de la société, ajoutant qu’«aucune perturbation d’approvisionnement du marché n’a été relevée».
De source sûre, les chevillards victimes de cette fuite seront dédommagés cette semaine. Leurs pertes ont été évaluées à 2 millions de DH. Toutefois, des questions subsistent encore quant à la capacité de la société turque à prévenir ce genre d’accident. A commencer par les observations de Veritas qui a relevé, dans un rapport en 2009, plusieurs infractions et irrégularités dans la gestion des abattoirs de Casablanca. Veritas avait mis en garde contre les dangers de la négligence et l’incurie relative à l’absence d’entretien et de maintenance de certaines machines dont l’état constitue une menace permanente pour les travailleurs et les habitants. Il avait aussi relevé l’état dégradé des machines fonctionnant à l’ammoniac avec un stock d’environ 8 tonnes de ce produit «dangereux». Le Bureau de contrôle avait recommandé l’interdiction de l’emploi de ces machines à moins de leur faire subir au préalable des analyses hydrauliques. Ce qui est loin d’être réalisé, selon le syndicat des chevillards.
L’Economiste en a parlé
L’Economiste a attiré l’attention sur l’insalubrité des abattoirs durant plusieurs années. La dernière analyse remonte au 6 avril 2012.
Sur les 179 abattoirs municipaux et 657 tueries rurales que compte le Maroc, une seule unité privée est conforme aux normes de salubrité. Il s’agit de l’abattoir de «Ranch Adaroch» inauguré l’année passée dans la région de Meknès. Tout le reste ne répond pas à 100% aux règles d’hygiène les plus élémentaires.