Les paradis fiscaux dissimulent entre 17.000 et 25.500 milliards d’euros à travers le monde selon une étude réalisée par le groupe de pression Tax Justice Network qui s’appuie sur les données de la Banque mondiale, des Nations Unies, du FMI et des Banques centrales.
Des chiffres qui ne cessent d’augmenter et qui représentent aujourd’hui une somme supérieure au PIB des Etats-Unis et du Japon réunis! Des montants que les impôts ne verront probablement jamais.
James Henry, l’économiste auteur du rapport, n’hésite d’ailleurs pas à qualifier «d’énorme trou noir dans l’économie mondiale» les fortunes personnelles détenues dans ces zones défiscalisées. Et pour cause, les Etats ont été forcés à renoncer à près de 225 milliards d’euros (280 milliards de dollars) de revenus fiscaux. Pis encore, le bilan pourrait être bien plus lourd. En effet, l’étude n’a pas pris en compte les avoirs non financiers comme les biens immobiliers, les yachts, les voitures de luxe, les œuvres d’art et les bijoux. Ainsi, l’évasion fiscale pourrait encore être plus élevée de moitié d’après James Henry.
Les pays riches en pétrole sont particulièrement affectés par ce phénomène. La Russie, par exemple, aurait enregistré la «disparition» de 640 milliards d’euros depuis les vingt dernières années. Quant aux pays africains, 250 milliards d’euros se seraient volatilisés depuis 1970.
Selon James Henry, les banques privées sont loin d’être innocentes. Il explique que «les richesses des plus riches («super-riches») sont protégées par une horde de conseillers professionnels très bien payés, industrieux». Des banques comme UBSE et Goldman Sachs géraient environ 5 milliards d’euros en 2010 soit deux fois plus qu’en 2005, avant la crise financière. Il estime également que c’est une conséquence de l’ouverture de plus en plus marquée de l’économie mondiale et des juridictions opaques et «discrètes» des pays tels que la Suisse, le Luxembourg ou les îles Caïman qui favorisent ces comportements.
L’économiste révèle aussi que les revenus fiscaux évadés sont suffisamment importants pour «entraîner des changements majeurs dans les finances de plusieurs Etats». Pourtant, il préfère rester positif et considérer ces sommes astronomiques comme de potentielles réserves qui «pourraient, un jour, résoudre certains de nos problèmes».
Tax Justice Network est un réseau d’économistes, d’ONG, de spécialistes engagés dans la lutte contre les paradis fiscaux.