- Temps accru passé sur des écrans,
- horaires de nuit ou décalés,
- trajets plus longs pour se rendre au travail
Les nouvelles habitudes de vie des Français affectent la durée et la qualité de leur sommeil, selon diverses études publiées mardi 20 novembre.
Un Français sur trois se plaint de troubles du sommeil, dont 15 à 20 % d'insomnie chronique, avec des symptômes qui durent depuis plus d'un mois et qui sont associés à une fatigue ou à une somnolence diurne excessive.
Selon une étude effectuée par l'Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) en 2010 sur 27 653 personnes âgées de 15 à 85 ans et publiée par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, les Français dorment en moyenne 7 h 13 par jour mais la plupart d'entre eux jugent ce temps insuffisant par rapport au temps "nécessaire".
Pour 18 % d'entre eux (24 % des hommes et 16 % des femmes), le sommeil dure moins de 6 heures par nuit, une durée généralement associée à une augmentation du risque d'obésité, de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires ou d'accidents.
Les premiers à se plaindre sont les jeunes de 15 à 19 ans, avec un "déficit" de sommeil qui atteint 41 minutes chez les jeunes hommes et 54 minutes pour les jeunes filles. Le phénomène débute dès le début de l'adolescence, avec une baisse spectaculaire de la durée du sommeil entre 11 et 15 ans.
Un adolescent de 15 ans dort ainsi 1 h 31 de moins qu'un jeune de 11 ans, une baisse qui selon l'Inpes n'est pas due à des facteurs biologiques mais à des facteurs environnementaux ou sociaux : elle est liée aux horaires de cours, mais surtout à l'accès à Internet, aux jeux vidéos ou au téléphone portable le soir.
"Le rapport aux écrans est tellement fusionnel qu'il n'y a plus de véritable rupture entre le temps de vie et le temps de sommeil" relève François Beck, le responsable des études statistiques de l'Inpes. A 15 ans, près d'un adolescent sur quatre dort moins de 7 heures par jour, alors qu'il lui en faudrait 8 à 9 au cours de cette période, afin de favoriser la croissance, l'apprentissage et l'équilibre physique et psychique, selon les recommandations des pédiatres.
Le hiatus se poursuit à l'âge adulte, induit par le travail posté et le temps de transport journalier qui favorisent la somnolence diurne, un phénomène qui touche 20 % de la population, selon une autre étude effectuée par l'INVS, Institut de veille sanitaire. L'insomnie se manifeste de diverses manières : difficultés d'endormissement chez les plus jeunes, réveils fréquents ou précoces chez les plus âgés, et sommeil globalement non réparateur pour une grande partie de la population.
Après une nuit de sommeil habituelle, un tiers des Français se sentent fatigués, contre plus de 60 % chez ceux qui se plaignent de symptômes d'insomnie. En hausse depuis 1995, l'insomnie chronique est plus fréquente chez les femmes (plus d'une sur cinq est concernée contre 15 % des hommes) et augmente globalement avec l'âge, atteignant 43,9 % chez les plus de 75 ans qui sont aussi ceux qui sont le plus souvent traités avec des psychotropes, selon l'"Enquête santé protection sociale" de l'InVs. "Le phénomène reste stable tout au long de la vie chez les femmes, alors qu'il augmente brutalement chez les hommes entre 25 et 50 ans, probablement en lien avec des causes professionnelles, avant de rebaisser ensuite", note François Beck.