La future loi sur l'enseignement supérieur et la recherche, qui devrait être présentée le 6 mars 2013 en conseil des ministres, prévoira un large volet sur la simplification de l'offre de formations destinée aux étudiants, jugée trop "foisonnante" et "illisible" par Geneviève Fioraso.
La ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche souhaite diviser par 10 le nombre de mentions de master. Cette mesure est d'autant plus importante, selon elle, que la France a "moins d'étudiants que les autres pays européens au niveau master".
En France, il y a deux sortes de diplômes de master :
- Le diplôme national de master (DNM), il est délivré dans les universités, habilité par le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. Il concerne 296 000 étudiants.
- Les diplômes qui confèrent le grade de master, dont la formation est reconnue par le ministère. Ils sont délivrés par Sciences Po, les Instituts d'études politiques (IEP) en région, les écoles de commerce ou d'ingénieurs. Ils concernent 197 000 étudiants.
Rien que pour les DNM, qui représentent donc 60 % du total, il existe 7 700 masters dont 1 841 en mentions et 5 806 en spécialités ! Avec des intitulés difficilement lisibles : "Master en arts, lettres, langues, mention : langues appliquées, spécialité : langues de spécialité, corpus et traductologie"... Si j'ajoute en plus les intitulés des cursus que nous habilitons dans les écoles de commerce ou d'ingénieurs et les IEP, nous arrivons à un chiffre quasiment supérieur à 10 000. C'est complètement fou !
Résultat : aujourd'hui, l'offre de formations est antidémocratique. Car ceux qui n'ont pas le décodeur, à proximité ou dans leur réseau social, sont toujours les mêmes : les jeunes issus de milieux modestes.
La loi prévoira de passer de l'habilitation à l'accréditation des établissements par le ministère. Seuls les diplômes figurant dans une nouvelle nomenclature nationale pourront être délivrés par ces universités accréditées.
Dans un premier temps, notre objectif est de diviser par 10 le nombre de mentions et de faire disparaître 5 800 spécialités. Il faudra compter un ou deux ans avant d'aboutir. Le plus important est d'engager cette réforme de façon qualitative. Pas question de faire une RGPP [révision générale des politiques publiques] des formations. Notre démarche est inverse : du dialogue et de la confiance mais de l'exigence.
Master pro et master recherche De la même façon que le diplôme d'études approfondies (DEA) et le diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) se différenciaient dans leur finalité, le master se décline le plus souvent en deux versions.
Le master pro est censé offrir une formation professionnalisante se suffisant à elle-même. Il peut être proposé en alternance et comporte des stages en entreprise.
Le master recherche vise, quant à lui, à préparer les étudiants au doctorat. Les enseignements sont orientés vers un apprentissage de la recherche, et les stages s'effectuent plutôt en laboratoires.
Dans les faits, cette différence tend à s'amenuiser, d'autant plus que des unités professionnelles ont été introduites dans la plupart des masters recherche. Les diplômés de ces cursus sont d'ailleurs tout à fait employables à la sortie et il n'est pas rare que des détenteurs de masters pro s'orientent finalement vers la recherche... Un changement de cap est par ailleurs possible entre un master 1 et un master 2, à tel point que certaines universités ont décidé d'abandonner cette différenciation.
Master et mastère Contrairement au master, diplôme national habilité au terme d'une longue procédure par le ministère de l'enseignement supérieur et sanctionnant un cursus de 120 crédits (4 semestres), le mastère spécialisé est un label créé par la Conférences des grandes écoles (CGE) qui a pour objet d'apporter une spécialisation à des diplômés d'écoles (bac + 4 ou bac + 5). L'appellation MS (pour mastère spécialisé) est d'ailleurs déposée à l'Institut national de la propriété intellectuelle.
Il existe également des mastères ou des mastères pro qui sont délivrés, quant à eux, par des écoles mais ne bénéficient d'aucune accréditation par le ministère. Certains établissements jouent sur cette ambiguïté et nombreux sont les étudiants convaincus qu'un tel mastère leur offre une équivalence avec les titres de l'université, ce qui n'est absolument pas le cas. Prudence, donc... |
http://www.lemonde.fr/education/article/2013/01/30/genevieve-fioraso-notre-objectif-faire-disparaitre-5-800-specialites-de-master_1824376_1473685.html