L’UFC-Que Choisir porte le fer contre le marché du cautionnement des crédits immobiliers et ses « graves dysfonctionnements concurrentiels ».
Etude à l’appui, l’UFC-Que Choisir estime que le cautionnement, devenu depuis dix ans la première des garanties exigées par les banques pour accorder un crédit à l’habitat (56 % des prêts en 2012, loin devant l’hypothèque), ne répond pas aux règles normales de la concurrence.
« Non seulement les banques dirigent leurs clients vers ces cautions, argumente l’UFC, mais elles leur imposent leurs organismes de cautionnement : soit la filiale commune aux grandes banques françaises Crédit logement, soit, lorsqu’elles en ont une, leur propre filiale. »
L’UFC-Que Choisir a annoncé, lundi 22 septembre 2014, sa décision de saisir l’Autorité de la concurrence à ce sujet tout en appelant le législateur à s’emparer du dossier et à officialiser la liberté effective de choix, pour les consommateurs, de leur organisme de cautionnement bancaire. Privés d’une telle liberté, les clients des banques ne pourraient profiter des différences de tarifs pourtant importantes d’une banque à l’autre.
LA CONCURRENCE SCLÉROSÉE ABOUTIT À DES MARGES ÉLEVÉES
Ainsi, selon les calculs de l’UFC, la libération de ce marché de 520 millions d’euros, aujourd’hui totalement tenu par les banques (à 95 %), et l’instauration d’une véritable concurrence, aboutiraient à un montant total de 210 millions d’euros d’économies par an. Soit un allégement de 41 % de la facture acquittée par les clients. Pour chaque emprunteur, le gain, substantiel, se chiffrerait à 560 euros par dossier de crédit…
En « poussant un peu plus loin la concurrence et en réduisant les marges », estime même l’organisme, l’économie totale pourrait grimper à 270 millions d’euros par an. Une bonne nouvelle donc, pour le pouvoir d’achat.
« Le marché totalement captif du cautionnement a été créé par les banques à leur propre avantage, argumente Nicole Perez, administratrice nationale de l’UFC-Que Choisir. Si l’on compare avec les exemples étrangers, en Belgique par exemple, l’hypothèque est quatre fois moins chère qu’en France et il n’existe pas de tel mécanisme de cautionnement ».
Dans cette étude rendue publique, l’UFC-Que Choisir s’efforce de démontrer que la concurrence sclérosée aboutit à des marges élevées, prenant appui sur la forte rentabilité des filiales dites captives des banques.
Quant au Crédit logement, il « mutualiserait les pertes mais privatiserait les bénéfices », affichant une rentabilité de 45 %. Pour ce faire, l’argent des clients déposé dans son Fonds mutuel de garantie paierait l’intégralité des défauts de remboursement, mais les intérêts de ce fonds richement doté, au lieu de compenser eux aussi les pertes, seraient conservés. L’argent, estime l’association, devrait revenir in fine aux clients, en fin de crédit.