Fondé en 1945 à Londres avec un objectif ambitieux : mettre en œuvre une "solidarité intellectuelle et morale de l'humanité" pour épargner au monde une 3ème guerre mondiale..
Avec un champ d'action qui va de l'éducation aux sciences naturelles, sociales et humaines, embrasse l'information et la culture, la tâche n’était pas facile.
D'autant que la situation internationale – la guerre froide, le processus de décolonisation et le tiers-mondisme qui s'ensuivit, la disparition de l'Union soviétique… – a malmené l'organisation et perturbé son fonctionnement.
L'Unesco a chèrement payé d'avoir été le champ clos d'affrontements idéologiques. Certes, les apparences sont sauves : en visite à Paris, les chefs d'Etat continuent à mettre à profit leur séjour pour être reçus dans le bâtiment en forme de tripode, décoré par Picasso, Miro et Giacometti et construit à deux pas de la Seine, qui abrite le siège de l'organisation.
Mais ces visites ne font pas oublier que l'aura de l'Unesco a baissé, même si les Etats-Unis (suite à une décision du président George Bush), la Grande-Bretagne et l'Afrique du Sud y ont fait leur retour après des décennies d'absence.
Aux yeux d'une bonne partie de l'opinion publique, peu ou mal informée, l'Unesco est une pesante machine bureaucratique (elle emploie près de 2 000 fonctionnaires internationaux), trop centralisée, moins préoccupée de faire reculer l'analphabétisme en Afrique ou d'œuvrer en faveur de l'égalité homme-femme que de célébrer à l'envie des journées et des années internationales, et de décerner des prix internationaux (elle n'en octroie pas moins de 33 ).
Si ces reproches sont en partie fondés, ils doivent être nuancés. Le système de financement de l'Unesco ne facilite pas sa tâche : le budget (quelque 300 millions d'euros par an) n'inclut pas les dons des Etats, discrétionnaires et variables d'un exercice à l'autre. Or ces dons peuvent, certaines années, égaler le budget de l'Unesco.
Par ailleurs, des efforts ont été menés au cours de ses deux mandats successifs par le directeur général sortant, le Japonais Koïchiro Matsuura, pour envoyer sur le terrain les équipes de l'organisation et la décentraliser.
La réussite incontestable de l'Unesco est d'avoir contribué à sauvegarder des sites fragiles en les inscrivant au patrimoine culturel et naturel de l'humanité. La liste est longue qui compte près de 900 "biens" dans 148 Etats. La Casbah d'Alger, la colline de Vézelay (France), la grande barrière de corail en Australie, les temples d'Angkor (Cambodge), la place Rouge à Moscou en font partie tout comme un sanctuaire de baleines au large du Mexique.