D'un côté, les grands sites de vente sur Internet, eBay en tête, souhaitent référencer plus largement les produits de luxe en ligne.
De l'autre, les géants du luxe veulent préserver un modèle économique qui a fait ses preuves et éviter toute concurrence déloyale entre les 30 000 points de vente européens et la vente sur Internet. L'enjeu est aussi social. Dans l'Europe des 27, le luxe représente 800 000 emploi.
Neelie Kroes, la commissaire européenne à la concurrence, s'est donnée jusqu'à la fin du mois d'octobre pour intégrer les contributions de chacun et finaliser son projet de règlement. Un point semble quasiment acquis : elle n'a pas l'intention de remettre en question le principe même de l'exemption au traité de Rome que constitue la distribution sélective.
Dans sa contribution, le Comité Colbert assure qu'Internet offre des opportunités de croissance fortes pour le luxe - la plupart des marques ayant lancé leur propre service de vente en ligne -, mais redoute que certains acteurs du commerce en ligne ne profitent sans rien débourser, à l'instar des coucous qui s'installent dans le nid des autres, des investissements énormes réalisés par les géants du luxe dans le marketing, les services aux clients, la location de boutiques prestigieuses en centre-ville...
Tous les grands magasins européens, du Bon Marché à Selfridges en passant par El Corte Inglès, soutiennent l'industrie du luxe en affirmant que "les fournisseurs doivent être en droit d'exiger que le site Internet soit la prolongation du réseau de vente physique et garantisse le même niveau de qualité".
Dans son projet initial, la Commission affirme que "le fabricant peut éventuellement demander à ses distributeurs (sur Internet) d'avoir un magasin en dur". Un principe déjà appliqué et qui devrait le rester, en tout cas pour les marques de luxe.
La question d'une proportionnalité entre les ventes réalisées sur le Web et celles effectuées en magasin est prévue, et varie selon la gamme des produits. Si les nouvelles règles du jeu semblent équilibrées aux yeux des géants du luxe, quelques points doivent être améliorés, sous peine de créer des litiges.