http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/12/01/pres-de-80-substances-chimiques-dans-les-repas-quotidiens-d-un-enfant_1447578_3234.html
Plus de 80 substances chimiques, dont certaines susceptibles d'être cancérigènes, sont ingérées en une seule journée par un enfant de 10 ans à travers ses repas composés suivant les recommandations du ministère de la santé, selon une étude du mouvement Générations futures – qui milite notamment pour une agriculture sans pesticides et sans OGM – et du réseau Health and Environnement Alliance, en partenariat avec WWF-France et le Réseau environnement santé.
Les associations, qui lancent une campagne de sensibilisation intitulée "Cancer et environnement", ont acheté dans des supermarchés de l'Oise et de Paris entre juillet et septembre les denrées alimentaires généralement consommées en 4 repas et un encas en une journée par un enfant d'une dizaine d'années.
Ces repas-types, incluant les recommandations officielles – telles que 5 fruits et légumes frais, 3 produits laitiers et 1,5 litre d'eau par jour – ainsi que des friandises, ont été examinés par plusieurs laboratoires indépendants en France et en Belgique pour y détecter la présence de substances chimiques, pesticides, métaux lourds et autres polluants.
Le bilan de l'assiette, selon cette étude publiée mercredi, est accablant :
- 128 résidus,
- 81 substances chimiques, dont 42 sont classées cancérigènes possibles ou probables et 5 substances classées cancérigènes certaines ainsi que 37 substances susceptibles d'agir comme perturbateurs endocriniens (PE).
"Même si, dans la quasi-totalité des cas, les limites légales pour chaque substance chimique prise individuellement ne sont pas dépassées, on voit bien dans notre enquête que la réalité de l'exposition des consommateurs aux contaminants possiblement cancérigènes et/ou PE est préoccupante", note l'association.
Pour le petit-déjeuner
le beurre et le thé au lait contiennent à eux seuls plus d'une dizaine de résidus cancérigènes possibles et 3 avérés comme des cancérigènes certains ainsi que près d'une vingtaine de résidus susceptibles de perturber le système hormonal.
Encas
La pomme, importée du Brésil, prévue comme encas, présente des traces de 6 substances chimiques, dont un fongicide pourtant interdit en France.
Déjeuner
Les haricots verts du Kenya, inclus dans le déjeuner, sur lesquels l'étude a détecté des traces d'un insecticide puissant également interdit dans l'Union européenne.
Le steak haché, le thon en boîte, et même la baguette de pain et le chewing-gum, étaient truffés de pesticides et autres substances chimiques.
Dans l'eau du robinet les analyses ont révélé la présence de nitrates et chloroforme.
C'est le steak de saumon prévu pour le dîner qui s'est révélé le plus "riche" avec 34 résidus chimiques détectés.
Même l'examen de l'assiette en plastique utilisée pour réchauffer le repas au micro-onde n'en était pas exempte.
Le risque final pour le consommateur de ce "cocktails de contaminants" "est probablement sous-estimé", selon l'étude.
Le problème serait-il résolu par un lavage voire un épluchage systématique des fruits et légumes avant consommation ?
"Certaines études montrent que ces précautions ne sont pas suffisantes voire qu'elles sont inutiles", a souligné Générations futures. De même, "l'impact de ces résidus dans les aliments conjugué aux autres substances chimiques auxquelles nous sommes exposés tous les jours, par l'air, les cosmétiques, les biocides, n'est pas évalué non plus".
Le but de l'étude "est de faire prendre conscience aux citoyens et aux responsables publics de la part importante que représentent les facteurs de risque environnementaux parmi les causes de cancers et ainsi de les inciter à agir et prendre les mesures qui s'imposent". Le groupement d'associations milite donc pour "l'application du principe de précaution dans l'objectif de diminuer au maximum l'exposition environnementale, et notamment alimentaire, de la population à des substances soupçonnées d'être cancérigènes ou PE" en interdisant notamment "l'usage de pesticides au champ" et l'utilisation de certains additifs.
Pour en savoir plus :
- Lire le détail de l'étude sur le site www.menustoxiques.fr. L'étude est également disponible en PDF
- Le site de Générations futures (ex-Mouvement pour le droit et le respect des générations futures) : www.mdrgf.org
- Le site de la campagne Cancer et environnement : www.environnement-et-cancer.com