C’est l’histoire à peine croyable d’un détenu qui s’est échappé de sa maison d’arrêt lors d’une permission.
"Je veux rentrer en prison. Mais si je reviens à Châteaudun, je suis mort". Stéphane Raye, 35 ans, s'est évadé le 21 novembre 2012 du centre de détention de Châteaudun, en Eure-et-Loir.
Aujourd'hui, dans une interview diffusée ce mercredi dans l'Echo Républicain, il explique pourquoi alors qu'il bénéficiait d'une permission, il a décidé de ne pas rentrer à la prison : pour sauver sa vie.
Condamné à 18 mois ferme pour récidive de conduite en état d'ivresse, ce père de deux enfants dit avoir été brutalisé par des codétenus pour avoir refusé de ramener de la drogue de permission.
Après ce passage à tabac et des menaces sur sa famille, il accepte de ramener 125g de résine de cannabis dans son rectum. C'est par peur de représailles après avoir échoué à réceptionner la marchandise lors d'une autre permission, qu'il décide de se faire la belle. "Je ne suis pas un cas isolé. Les dealers tiennent la taule à Châteaudun, ceux qui leur résistent se font massacrer", indique-t-il, soulignant que "les familles sont suivies jusque sur le parking pour leur mettre la pression".
Ce témoignage a été jugé crédible par le délégué syndical de Force Ouvrière et par le délégué général de l'ONG de défense des prévenus Robin des lois, François Korber, interrogés par le journal. Dénonçant des "actes de violence au quotidien pour les autres détenus et les surveillants", le syndicaliste affirme que la prison accueille aujourd'hui "les détenus les plus durs", recréant un "phénomène de la cité".
Créé en 1991, le centre de détention accueille quelque 600 prisonniers. Lui-même ancien détenu de l'établissement, M. Korber confirme une "ultraviolence permanente" et souligne qu'outre le trafic contraint de drogue, certains détenus "doivent se prostituer pour survivre".
Relayées par l'ONG, les demandes de Stéphane Raye à finir sa peine dans un autre établissement n'ont pas été satisfaites, selon lui. L'administration pénitentiaire, contactée par l'AFP, n'a pas souhaité commenter ces informations mardi. A Châteaudun, en juillet 2006, un prisonnier de 29 ans était décédé après avoir été poignardé par un codétenu. En janvier 2011, un surveillant de 37 ans s'était suicidé après avoir subi cinq agressions physiques, dont une qui lui avait valu un arrêt de travail de 7 mois.