Les réseaux fixes de télécommunications tout en fibre optique, permettant l'accès à Internet à "très haut débit", peinent à remplacer rapidement les infrastructures existantes. Fin 2008, il n'y avait que 48 millions d'abonnés dans le monde à ces réseaux, qui offrent un débit de plus de 10 mégabits par seconde, contre entre 1 et 10 Mbit/s pour le "haut débit" en ADSL.
En France, 5,4 millions de foyers étaient raccordables en juin 2009, essentiellement à Paris et dans les autres métropoles, mais seulement 253 000 étaient abonnés.
Les freins au déploiement sont puissants. Sur des marchés privatisés, où les décisions d'investissement sont dictées par des questions de rentabilité, les opérateurs n'ont pas intérêt à prendre des risques.
- D'abord, parce que les réseaux "haut débit" qu'ils exploitent sont quasi amortis et offrent des marges d'exploitation confortables.
- Les sommes nécessaires à la fabrication d'un réseau "très haut débit" sont considérables : un déploiement dans tout le pays coûterait plusieurs milliards d'euros au bas mot. Il ne suffit pas d'installer du matériel sur un réseau existant (comme avec l'ADSL). Il faut remplacer la partie terminale des réseaux, souvent en cuivre, par de la fibre optique.
- Enfin, il n'existe pas d'attente forte des clients, la plupart se satisfaisant encore d'une connexion "haut débit" permettant d'accéder à des chaînes de TV sur Internet ou de télécharger des morceaux musicaux en quelques minutes.
Concurrence vive
Pourtant, les opérateurs auront du mal à échapper au "très haut débit", parce que le marché de l'ADSL va saturer. Le taux de pénétration du haut débit était déjà en moyenne de 22,9 % (22,9 lignes pour 100 habitants).
La France comptait 18,675 millions d'abonnements au 30 juin 2009, selon l'Arcep. Le nombre d'abonnements n'a augmenté que de 334 000 au cours du deuxième trimestre (+ 1,8 %) par rapport à la même période en 2008. La concurrence entre opérateurs est de plus en plus vive : désormais, leur croissance se fait en partie aux dépens les uns des autres. A la suite du lancement de son offre Ideo (forfait mobile et Internet couplés), Bouygues Telecom a ravi 10 000 abonnés à Iliad (Free) en juin. Dans 2 ans, il n'y aura plus de croissance sur l'ADSL.
Par ailleurs, les usages d'Internet qui ont le vent en poupe - surtout la vidéo - poussent à des besoins en débit toujours plus grands. Enfin, en France, les opérateurs alternatifs à France Télécom, qui a hérité du réseau de téléphonie du monopole, ont intérêt à se constituer leur propre infrastructure. C'est plus rentable que de payer un loyer à France Télécom.
Il existe plusieurs sortes de "très haut débit"
Le "FTTH" (pour "fiber to the home"). Il s'agit d'un réseau de télécommunications qui est constitué de fibre optique jusqu'au domicile du client final. Il permet théoriquement de faire passer des débits "illimités", la fibre optique pouvant transporter un signal quasiment sans l'atténuer. Les offres commerciales "FTTH" promettent d'aller jusqu'à 1 gigabit/seconde en débit.
Le "FTTB". Le réseau en fibre optique s'arrête au pied de l'immeuble. Le reste du réseau, jusqu'au client final, est constitué de fils de cuivre (le réseau du téléphone historique). Le débit dont dispose l'abonné est donc moindre qu'avec du "FTTH".
Le "VDSL". La fibre optique s'arrête au central téléphonique, le dernier noeud de répartition du réseau avant les blocs d'habitations. Là aussi, le débit final pour l'abonné est moindre qu'avec le "FTTH", il dépend de sa distance par rapport au central.
L'ADSL. C'est une technique qui permet, grâce à l'installation d'équipements sur le réseau en cuivre historique, d'y faire passer des débits plus importants, allant jusqu'à théoriquement 10 mégabits/seconde.