Les directeurs des écoles commencent à s'inquiéter de l'importance accordée aux universités et de leur transformation sans rien prévoir pour les grandes écoles.
Au cours des 10 dernières années, les effectifs de l'enseignement supérieur français n'ont eu de cesse de décroître [– 15 % entre 1998 et 2008], alors même que sur la même période, les effectifs des écoles progressaient de 12 %" : 440 écoles françaises forment 40 % des étudiants français au niveau mastères.
Pour s'adapter, ce ne sont pas les atouts qui manquent. Avec leur formation professionnalisante, leur pédagogie souvent innovante, leur bon taux d'insertion professionnelle, leur chance – dénoncée par les uns, louée par les autres – de sélectionner leurs étudiants et leur savoir-faire en matière de partenariat avec les entreprises, elles ont toutes les cartes en main.
Mais, voilà, les grandes écoles ont aussi un lourd passif. Ces dernières années, les essais et les prises de position critiques pleuvent contre un système qui a du mal à s'ouvrir à de nouveaux publics, qui formate et reproduit les élites, et qui mène peu de recherches. Pis, les ingénieurs formés dans les meilleures grandes écoles d'ingénieurs ont plus alimenté ces dernières années les salles de marchés que les ministères ou les entreprises de construction ou de production. Avec les conséquences que l'on connaît.
En effet, "sous le double effet de la mondialisation de l'enseignement supérieur et de la concurrence, traduite par les grands classements internationaux, nous assistons à une homogénéisation des formes institutionnelles et une standardisation des diplômes. L'université est aujourd'hui le modèle par excellence, et les masters et PhD [le doctorat version anglo-saxonne], sont les offres standardisées", schématise Cyrille Van Effenterre, le délégué de Paritech, pôle de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) rassemblant 12 des plus grandes écoles d'ingénieurs parisiennes.
Qu'elles soient multidisciplinaires, monodisciplinaires, ou de technologie, les universités sont la norme dans le monde. Les écoles ne peuvent le nier. Si, pour la CGE, les grandes écoles sont déjà en soi de petites universités, le temps est au regroupement sous une même bannière des écoles et des universités. De fait, insiste Pierre Tapie, "la distinction université-grande école est aujourd'hui obsolète"; les écoles proposent des diplômes communs avec les universités, quand ces dernières ouvrent des classes préparatoires aux grandes écoles…
Le gouvernement souhaite aller plus loin et encourage les regroupements thématiques enclenchés ces derniers mois par les écoles d'ingénieurs afin de s'inscrire et de peser dans ces PRES. L'université de demain regroupera en son sein universités et grandes écoles.
Les attentes :
- Des aide pour surmonter les difficultés financières.