Le débit ADSL a baissé de manière drastique au Maroc. A titre d’exemple, une connexion à 20 megaoctets par seconde, payée à 499 DH, se place aujourd’hui à une vitesse de 2 megaoctets (soit moins 10 fois la vitesse normale). Et le constat est plus grave chez l’internaute moyen qui opte lui pour une connexion ADSL située entre 2 et 8 mo.
Concrètement, charger une video Youtube de 4 minutes peut maintenant prendre jusqu’à une heure d’attente, voire plus selon les horaires de connexion, alors que l’on pouvait regarder le média presque sans temps de chargement il y a juste quelques jours.
Que s’est t-il réellement passé? A en croire le directoire de Maroc Telecom, une coupure est survenue lundi 19 mars 2012 sur l’un des câbles sous-marins de l’opérateur. Une explication, soit dit-en passant, publiée dès la première semaine de baisse du débit sur la page facebook officielle de l’opérateur. Toujours est-il que le câble en question, nommé Atlas Offshore et situé à une profondeur de 550 m de fond, aurait connu une panne d’origine inconnue et qu’une partie de la bande passante en a été affectée.
Pour remédier à la situation, l’opérateur aurait commencé par transférer le trafic sur un autre câble sous-marin reliant le Maroc à l’Espagne, ce qui expliquerait pourquoi il n’y a pas eu de coupure mais plutôt une baisse du débit qui serait due à la surcharge sur le câble de secours.
«Nous avons fait appel à un bateau câblier italien spécialisé dans l’intervention sur les câbles sous-marins à fibre optique. Celui-ci s’est déplacé sur le lieu de la coupure, avec pour mission de remonter le câble à la surface afin d’intervenir sur les tronçons endommagés», expliquent les responsables de Maroc Telecom. Or, il se trouve que l’opérateur avait annoncé un retour rapide à la normale censé se produire dès la fin de la semaine du lundi 19 mars.
Aucune date de reprise des activités n’a été annoncée. L’explication donnée par l’opérateur serait que le navire câblier fait face à des « conditions météorologiques très défavorables » justifiant l’interruption des réparations pendant une semaine.
L’opérateur tente de rassurer ses clients : «les travaux sur le câble sont maintenant dans leur phase finale».
Les critiques fusent de partout sur la toile et dans les réseaux sociaux où les internautes usent du peu de débit dont ils disposent encore pour dénoncer une situation inacceptable et faire part de leur mécontentement. Certains font même circuler une pétition pour exiger notamment un remboursement du service ou le cas échéant un service totalement gratuit pendant le mois suivant la résolution du problème, des excuses en public, un dédommagement matériel, consistant dans la baisse des prix d’abonnements ainsi qu’un engagement de la part de Maroc Telecom pour prendre l’entière responsabilité pour tout évènement futur semblable.Pendant ce temps, l’opérateur explique qu’il s’agit là d’un cas de force majeure. «Nous avons déployé tous les moyens pour résoudre ce problème dans les meilleurs délais possibles. Si l’intervention du navire câblier que nous avons mobilisé a été retardée, c’est à cause des mauvaises conditions météorologiques. N’oublions pas que le service ne s’est à aucun moment interrompu».
L’opérateur est-il tenu par une obligation de résultat ou de moyen?
«Quoi qu’il en soit, le prestataire doit prouver qu’il y a un cas de force majeure», explique Me Younès Anibar avocat au barreau de Casablanca. «Le cas échéant, sa responsabilité civile directe ou indirecte sera mise en cause, ce qui peut aller jusqu’à induire des dommages et intérêts », renchérit t-il.
En outre, le lien entre usager et opérateur est un lien contractuel. Donc, le recours devant les tribunaux est un droit permettant au consommateur d’exiger la permanence du service et la régularité du débit, voir éventuellement une réparation.
A noter que L’ANRT est aussi habilitée à traiter les plaintes et doléances des consommateurs et d’assurer leur suivi auprès des opérateurs. Dans son rapport 2010, l’ANRT affirme avoir traité plus de 40 requêtes portant sur la téléphonie mobile, fixe et Internet. Ces plaintes ont concerné des sujets aussi divers que les litiges contractuels, la portabilité des numéros, la publicité ou encore la concurrence déloyale.
Et Skype dans tout ça ?Plusieurs internautes dénoncent depuis quelques mois des «perturbations de la part de Maroc Telecom sur les réseaux VOIP », notamment des services comme Skype ou encore Viber pour les smartphones. La réponse de Maroc Telecom est claire : « Cette rumeur est infondée et Maroc Telecom n’a jamais procédé au blocage des sites mentionnés et beaucoup de nos clients peuvent en témoigner».
En revanche, ces soucis seraient justifiés par une utilisation massive du réseau. «Il existe au Maroc une situation particulière du fait que l’Internet est très peu cher avec, pour la 3G, un modèle basé sur l’illimité. Cela génère des usages massifs qui à leur tour dégradent la qualité». C’est pourquoi certains opérateurs veillent à limiter les excès et préserver la qualité de service. C’est ce que l’on appelle communément le concept de «fair use» (traduit littéralement par usage raisonnable ou loyal). Adopté dans plusieurs pays de par le monde, ce concept consiste à limiter l’usage de l’internet mobile illimité en cas de dépassement d’un quota de données fixé par l’opérateur. Concrètement, le débit d’un accès internet illimité pourra être bridé si le volume de données dépasse 500 Mo par mois par exemple.
Sans oublier que le débit ADSL fourni par Maroc Telecom n’est pas un débit «garanti». C’est dire que ce dernier subit des fluctuations du fait de son utilisation plus ou moins importante de la part des usagers avec ou sans coupure de câbles.
http://www.leconomiste.com/article/893050-adsl-pourquoi-bug
Maroc Telecom affirme que les travaux seront achevés au plus tard le dimanche 8 avril 2012 |