Et ce partenariat se renforce au fur et à mesure. Ça a démarré en douceur : vols, puis incendie d’engins de chantier et ça s’est terminé en février 2013 par des coups de feu.
Ces pratiques qualifiées de racket dénotent d’une mauvaise connaissance des quartiers. Car beaucoup de choses nobles se cachent derrière :
Un combat pour le pouvoir d’achat :
Les pressions sur les chantiers de rénovation ont toujours existé tant ces derniers constituent un enjeu pour les petits caïds. Ils permettent de faire embaucher quelques jeunes et leur garantir un revenu. Qui peut s’opposer à ça ?
Un impôt vraiment local :
Ce qui emmerde peut être les politiques c’est que les dealers prélèvent leur dîme sur le matériel de chantier. Cet impôt local n’est pas contesté par les entreprises. Qui a déjà vu le MEDEF se plaindre de cet impôt ? de demander un allégement ? Les entreprises ont intégré ces pratiques dans leur budget.
Défense de l’emploi local :
Dans ces quartiers, c'est une société de gardiennage "locale" que les caïds locaux conseillent de prendre pour surveiller le matériel. Coût annoncé : 150 euros la nuit pour protéger une machine à goudron.
La défense de l’emploi local va jusqu’à essayer d’obliger les entreprises à recruter des gens avec casier dans les postes de gardiennage (très touchante cette volonté de re-insertion )
L’écologie :
Une priorité pour les delaers. Pour preuve une filière de recyclage efficace : Un exemple : "Les racketteurs ont touché 80 000 euros après avoir revendu les châssis à un ferrailleur dans un de ces chantiers". L'entreprise victime a dû changer l'ensemble des fenêtres des 450 logements.
Chapeau aux capacité d’adaptation des entreprisesAprès les taxes de la droite et les impôts de la gauche et ils doivent composer avec le racket des dealers
Certaines en sont même à adapter leurs horaires de travail, ne travaillent que "de 5 heures du matin, moment où les dealers se couchent, à midi, heure à laquelle ils se lèvent".
La Corse ?"Cela a pris des proportions inquiétantes et c'est devenu un système très organisé comme on peut le connaître en Corse", assure Stéphane Peu, président de Plaine commune habitat, office de HLM.
"De la police aux patrons en passant par les bailleurs et les élus, tout le monde a fermé les yeux. Il faut aujourd'hui réagir et une vraie réponse policière et judiciaire face à cette dérive mafieuse." |
Revenons aux choses sérieuses :
Dans ces quartiers pauvres et souvent abîmés de la banlieue parisienne, les opérations de réhabilitation dérangent certaines activités.
Le schéma est classique : c'est souvent dans ces cités enclavées, bâties comme des lieux clos dont les accès peu nombreux sont facilement contrôlables, que les dealers installent leurs trafics.
Quand, dans un quartier, il est décidé de percer une voie, d'aménager les halls ou simplement de revoir les parcelles de jardins, les travaux bouleversent les habitudes, les repères. Les dealers n'aiment pas le changement ni les intrusions dans leur monde.
Depuis quelques mois, plusieurs autres attaques de chantier ont défrayé la chronique locale, provoquant l'arrêt des travaux.
Voici en plus sérieux l’article du Monde sur le sujet : http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/02/28/racket-sur-les-chantiers-de-renovation-urbaine_1840634_3224.html
La rénovation urbaine en chiffres
- Investissement Le programme national de rénovation urbaine (PNRU) - 42 milliards d'euros de travaux prévus sur toute la France - devrait permettre la réalisation de 396 projets de réhabilitation dans 595 zones urbaines sensibles (ZUS) et toucher plus de 4 millions d'habitants.
- Projets Les programmes se concentrent dans 5 départements (Bouches-du-Rhône, Nord, Pas-de-Calais, Rhône et Seine-Maritime), dotés chacun de plus d'un milliard d'euros d'investissement, et la région Ile-de-France où 7 des 8 départements se partagent 19 milliards d'euros.
- Nouveaux programmes Dès 2014, une nouvelle génération d'opérations de renouvellement urbain, concentrée sur un noyau dur de quartiers pauvres, a été annoncée. Il s'agira de requalifier l'urbain et de diversifier l'offre de logements afin de "réduire la fracture territoriale". Cette seconde vague d'opération concernera à nouveau de nombreux quartiers d'Ile-de-France. |