Le Maroc a-t-il intérêt à organiser la coupe du monde ?

Le rêve d’organiser la coupe du monde titille le Maroc depuis longtemps. Le pays  est passé à côté de l’exploit à plusieurs reprises. Le Maroc ne sera pas le premier pays africains ou arabo-musulman à le faire mais l’envie est toujours présente.
 
De puis la dernière candidature des terrains ont été construits, les aéroports agrandis, les villes du dossier toutes reliés par autoroutes, et l’infrastructure sanitaire renforcée. Le Maroc ne présentera pas que des maquettes en espérant que le couscous et le méchoui fasse basculer les votes en sa faveur.
 
Mais pourquoi cherche t on à organiser la coupe du monde ?
 
Faire connaitre le pays, doper l’activité économique et le tourisme, augmenter la pratique sportive, et monter son savoir faire et sa capacité à organiser des grands événements motivent les pays à organiser ses grands événements.
 
En plus, l’organisation d’une coupe du monde est un événement fédérateur capable de mobiliser le patriotisme de la population et la souder derrière cet objectif
 
La donne a changé
 
En 2010 et après avoir fait douter tout le monde l’Afrique du sud a bouclé ses chantiers au dernier moment. Le  mondial a été une vitrine positive, car avant on disait qu’elle ne serait pas prête que les télécoms ne marcheront pas et que les touristes seront agressés. Le mondial a donné de l’estime de soi aux Sud-Africains.  
 
Mais au Brésil la population n’a pas accepté  les sommes engagés dans la préparation alors que le pays manque d’infrastructures. Des émeutes ont secoué le Brésil  –pays de foot par excellence- sur la façon dont est préparée la coupe du monde.
 
Les gens sont excédés par les soupçons de corruption sur les marchés liés au mondial et ne supportent plus que la FIFA engrange les bénéfices et laisse les dépenses à leur pays.
 
Les budgets  ne cessent d’augmenter surtout ceux de la sécurité obligeant les pays émergents à des dépenses insoutenables :
 
Coupe du monde :
Allemagne 2006 : 3.7 milliards €
Afrique du sud 2010 : 3.5 milliards €  
Brésil 2014 : 11 milliards €  
Maroc ???? : ?? Milliards €

Exemple des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi 2014

Les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi 2014 connaitront un dispositif sécuritaire sans précédent dans l’Histoire de l’olympisme.

Plusieurs dizaines de milliers de militaires, des dizaines de drones, une nouvelle génération de missiles, des communications sous surveillance.

Ces JO, estimés à 50 milliards de dollars - soient les plus chers de l'Histoire -, constituent un défi pour le président Vladimir Poutine, qui veut faire de ce rassemblement mondial une vitrine de la Russie.

Le transport routier et la navigation en mer Noire ont été limitée.

Quelque 37 000 policiers et des unités de l'armée de terre sont également mobilisés pour assurer la sécurité des Jeux. Les militaires disposent à Sotchi de systèmes de défense antiaérienne Pantsir-S, une nouvelle génération de missiles sol-air. La surveillance va aussi s'effectuer avec un système par satellite, ainsi qu'avec des dizaines de drones.

Enfin la Russie va surveiller toutes les communications grâce à un système qui permet au puissant service fédéral de sécurité (FSB) d'accéder à tous les échanges téléphoniques et internet des athlètes, journalistes et toutes personnes accréditées pour l’événement.

Le dispositif de sécurité en place pour les JO de Sotchi est plus sévère que celui en vigueur pendant les JO d'été de Pékin en 2008. Seule légère entorse à ce tout-sécuritaire, le président Poutine a cédé aux pressions du CIO le week-end dernier en autorisant finalement les manifestations pendant les Jeux, dans une "zone spéciale" et à condition d'avoir le feu vert des autorités locales.


Risques de corruption et détournement d’argent public
 
Sur les 36 milliards d'euros du budget des JO de Sotchi, l'opposition russe estime qu'entre 19 et 23 milliards d'euros se seraient volatilisés dans la nature.



 
Exemple de la coupe du monde des clubs
 
Tout le monde vante le surplus d’activité généré par de telles manifestations. Pour la coupe du monde des clubs organisés au Maroc depuis  11 décembre 2013,  les hôteliers d’Agadir sont déçus : il n’y a pas d’affluence de supporters étrangers. Seuls les comités organisateurs, les joueurs des équipes participantes et leurs accompagnateurs ainsi que les représentants de la FIFA et ceux de la Fédération marocaine de football qui remplissent les hôtels.
 
Dans la ville, tout le monde se demande tout de même où sont passés les milliers d’Allemands, d’Egyptiens, Mexicains et Chinois annoncés !!!!!!
 
Va t on rentabiliser cet investissement ?
 
Le ministère de l’intérieur a versé 30 millions de DH pour la mise à niveau d’Agadir pour l’événement.
 
Pour la sécurité, ce sont près de 5.000 agents des forces de l’ordre qui vont être déployés dont 2.000 venus en renfort d’autres villes.

A l’aéroport, tous les services ont aussi été renforcés. 
 
Côté sanitaire, les cliniques et les hôpitaux de la ville sont mis à contribution. Un hélicoptère a été affrété pour les cas d’urgence.
 
Bonjour les polémiques
 
Au bout de deux jours on en recense plusieurs :
 
-          La minute de silence pour Mandela non respecté.
-          Une cérémonie d’investiture à 2.3 millions de DH qui a laissé un goût amer.
-          Des interrogations sur la société qui a remporté le marché (créée depuis un an) et les doutes sur sa capacité à honorer l’image du pays.
 

 

Bilan du mondial des clubs :

L'attrait du mondial des clubs n'est pas immense, Sepp Blatter la défend en affirmant que cela donne la possibilité aux vainqueurs des coupes continentales les moins réputées de tester leur niveau face aux meilleures équipes. 

La dimension économique est aussi fondamentale. « Le Maroc a tout gagné en organisant cette compétition. C'est vrai que son rendement n'est pas celui de la Coupe du monde, mais c'est aussi une grande compétition », explique Sepp Blatter.

« Tout gagné » ? Pas forcément, en tout cas sur le plan comptable. 


Recettes : 1 milliard de dirhams
Mohamed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des Sports, a affirmé que le Mondial allait rapporté au Maroc « un milliard de dirhams de recettes directes ».

Les dépenses : 1.12 milliard de dirhams
le cabinet d'études Capital consulting, sollicité par le ministère des Sports, a évalué les coûts d'organisation à 700 millions de dirhams . 

S'ajoute à ça près de 210 millions de dirhams par compétition (l'édition 2014 se déroulera aussi au Maroc) pour avoir le droit de les accueillir. 

L'Etat marocain a même dû déposer une caution de 320 millions de dirhams de garantie auprès de la fédération internationale. 

Le calcul donne un manque à gagner de 120 millions de dirhams.

Le Maroc voit plus loin et plus grand. « C'est un vrai test pour le Maroc. Une Coupe du monde des clubs réussie permettra au Maroc de marquer des points et de postuler pour la Coupe du monde une fois que celle-ci fera son retour sur le sol africain. 

Le Maroc a tous les atouts pour prétendre à l'organisation de l'événement suprême qui est la Coupe du monde », confirmait M.Blatter. 

Le Maroc peut désormais rêver d'être le pays hôte du Mondial 2026.

Alors le Maroc a t il intérêt à organiser la coupe du monde 2026?

La Coupe du monde des clubs organisée du 11 au 21 décembre 2013 à Marrakech et Agadir est loin d’avoir atteint les objectifs annoncés.

Alors que les officiels tablaient sur un potentiel d’arrivées de près de 100 000 personnes, les estimations à ce jour ne font état que de 5 000. Au mieux, entre 8 000 et 14 000 personnes ont fait le déplacement depuis l’étranger.

«Nous avons géré les dossiers de 540 personnes qui ne sont venues que pour les matchs et entre 120 et 130 personnes qui ont également souhaité profiter d’un circuit, en plus de la compétition. Nous aurions pu en traiter plus, sachant que nous avions reçu près de 4 000 demandes d’information», indique Bouchaïd Rzane, DG de l’agence Access Holidays. Beaucoup ont renoncé car «la majorité des hôtels ont doublé, voire triplé, leur prix», poursuit M. Rzane.

Ce n'est pas propre au Maroc : Le championnat d'Europe de 2012 a vu flamber le prix de l’hébergement dans les deux pays organisateurs et la même chose se produit en ce moment au Brésil qui va organiser cet été la coupe du Monde.

«S’il n’y avait pas eu le Raja, cette édition aurait été un vrai scandale». Et encore une fois le touriste national qui sauve les meubles

Le Maroc a refusé d'oragniser la coupe d'Afrique des nations en raison du risque de propagation du virus Ebola. Certains parlent de risques terroristes.

Autre mauvaise surprise pour la confédération africaine de football,  l'Afrique du Sud a immédiatement décliné toute éventualité d'organiser la compétition.

L'Afrique du Sud, pays organisateur de la Coupe du Monde 2010 avait le profil idéal : elle possède les infrastructures, ces stades qui lui ont coûté si cher (4,3 milliards de dollars pour l'ensemble des infrastructures), dont elle aimerait  pouvoir rentabiliser l'édification.

Ce surcoût est une motivation supplémentaire pour saisir toute opportunité de rentabiliser les édifices construits ou rénovés pour la Coupe du Monde 2010.

Cette opportunité s'est déjà présentée, il y a 2 ans, au moment du forfait de la Lybie pour l'organisation de la CAN 2013. L'Afrique du Sud a donc mené l'expérience, une expérience a priori "tout bénéfice" puisque les stades neufs ou rénovés étaient déjà en place.

La CAN, une mauvaise affaire financière ?

Deux ans plus tard, le ministre des sports sud-africains écarte toute nouvelle opportunité de "rentabilisation" avec la plus grande détermination : la CAN, c'est niet !

La CAN serait-elle une mauvaise affaire financièrement ?

Tout concourt à le penser.

Le règlement de la CAN dispose que seulement 20 % des droits TV et de publicité vont au pays organisateur. Il faut donc des affluences conséquentes dans les stades pour espérer couvrir les coûts de l'organisation. Or la CAN 2013 n'a pas été un grand succès en la matière : les 8 000 spectateurs (supposés) du quart de finale entre le Ghana et le Cap Vert ou les 6 000 spectateurs comptabilisés lors de la petite finale peuvent en témoigner. Quand on sait que, pour chaque match, 600 billets sont déjà réservés pour les membres de la CAF, on devine que l'organisateur local peine à couvrir ses frais...

Tous comptes faits, c'est à dire en ayant eu le temps de consolider le décompte des flux réels de dépenses et recettes, l'Afrique du Sud a réalisé que la CAN 2013 lui avait plus coûté qu'elle ne lui avait rapporté. En dépit de sa volonté de "rentabiliser" les stades (par une utilisation accrue) et de l'afflux touristique escompté, l'Afrique du Sud a donc lucidement écarté toute idée  d'organiser une nouvelle épreuve.

Le retour d'expérience

Pour le Maroc, la CAN 2015 est synonyme de : rentabilisation très hypothétique, danger sanitaire, risques terroristes.... Le royaume a préféré aller à la rupture avec Issa Hayatou, quitte à payer les quelques dizaines de milliers de dollars "d'amende" contractuellement dues en cas de retrait. Le retrait du Maroc aura au moins eu une vertu : celle de contribuer à la révélation de la "vérité des prix de la CAN".

Extraits de : http://ecosport.blog.lemonde.fr/2014/11/13/linstructif-refus-de-lafrique-du-sud/