Le miel chinois, latino-américain, ou encore indou, arrive à Casablanca à moins de 10 DH le kilo. Alors que le prix de revient du même produit au Maroc varie entre 35 et 40 DH/kg. Le consommateur est en droit de demander quelle est la recette magique de ces apiculteurs qui leur permet d’être aussi compétitifs.
Certes, la productivité dans ces pays est largement supérieure à la nôtre: 70 kg/ruche et par an contre 20 à 25 kg au Maroc. N’empêche, cela n’explique pas tout. En Asie comme chez nous cette normalisation fait cruellement défaut et la réglementation reste somme toute sommaire. Ce qui ouvre grande la voie aux pratiques frauduleuses de tout genre. Aussi ne faut-il point s’étonner de trouver sur le marché du miel mélangé avec de nombreux produits: sucre, mélasse, farine, amidon, gélatine, glycérine.
Les apiculteurs marocains ne disposent pas de normes de qualité pour se prémunir contre les miels importés. C’est l’arrêté viziriel du 5 mars 1928 qui réglemente «la fabrication et le commerce des sucres, glucoses, miels confitures, gelées et marmelades».
Le texte fait à peine la distinction entre miel pur et miel de sucre. Or depuis cette date, les choses ont beaucoup changé. Si bien que sous l’appellation «miel» on décèle souvent un produit additionné de sirop sacchareux. De même que le miel d’industrie est vendu comme produit naturel.
La recette est simple. Ces miels bon marché sont mélangés avec les produits locaux ou vendus comme tels.
Comment est défini alors le miel? Pour la réglementation européenne le miel est un «aliment entièrement élaboré par l’abeille à partir de substances sucrées, naturelles, prélevées directement sur les végétaux (nectar) ou à partir des miellats (sucre prédigéré) qu’excrètent les pucerons». L’homme n’intervient donc pas dans la fabrication du miel. Toute ingérence à ce stade relève de la fraude pure et simple.
En revanche, le travail de l’apiculteur consiste à fournir aux abeilles les conditions favorables d’élevage. Il s’occupe aussi de la récolte et la conservation du produit. «Si le miel est rattaché à la gamme des produits transformés, les technologies utilisées ne visent pas une modification de ses propriétés mais concernent son extraction, le contrôle de ses évolutions spontanées et son conditionnement», précise un chercheur de l’INRA.
Non au chauffage
Chauffer le miel, c’est contre nature, affirment des chercheurs. L’opération cause la destruction des diastases (enzymes) contenues dans le miel et qui sont nécessaires pour l’assimilation des aliments.
Le miel est un aliment naturel et vivant qui doit être consommé tel quel. Mais il ne faut pas confondre la pasteurisation avec l’opération qui consiste à porter le miel à environ 35°c pour faciliter sa mise en pots. Ce niveau est la température naturelle de la ruche en période d’été.
la production marocaine du miel avoisine les 3.000 tonnes par an. La productivité est de près de 4 kg par ruche |