Les villes marocaines et leurs opérateurs d'assainissement

La Commune urbaine de Kénitra renouvelle sa confiance dans la société Segedema, filiale marocaine du Groupe Pizzorno Environnement, en lui confiant pour la 2ème fois la gestion déléguée de ses services de collecte des déchets ménagers et de nettoiement des voieries publiques.

Durée de 7 ans,

Montant : environ 18 millions de DH par an,

Effectif avoisine les 220 personnes.

Le renouvellement du contrat engage Segedema à assurer :
- la collette de 60.000 tonnes de déchets ménagers par an produites par une population estimée à 200.000 personnes.
- Le nettoiement des voieries et des places publiques.

Si kénitra a été satisfaite de sa délégation, ce n'est pas le cas de Tétouan.

La ville de Tétouan se prépare à changer d’opérateur en matière d’assainissement solide. Elle vient de lancer un appel d’offres pour la gestion déléguée de la propreté dans les arrondissements de Sidi Mandri et Al Azhar.

L’entrée en service du nouvel opérateur devrait avoir lieu avant cet été, selon plusieurs sources, afin de tourner la page des incidents de l’année 2011 qui ont failli noyer la ville sous les déchets ménagers.

L’ordre de grandeur financier du contrat devrait tourner autour des 40 millions de DH, vu que le budget de la mairie réservé à la collecte des ordures est d’environ 41 millions de DH.

L’appel d’offres se base sur le nouveau cahier des charges régissant l’assainissement solide tel qu’entériné par le Conseil de la ville de Tétouan en octobre dernier. Ce cahier des charges prévoit la division de la ville en deux périmètres dans le souci de faciliter la gestion.

Cet appel d’offres intervient après l’annonce par la mairie de la rupture du contrat de gestion déléguée qui la liait à l’opérateur Tecmed en décembre 2011.

Une rupture qui intervient après une série de grèves à répétition, dont la dernière a été lancée le 15 décembre et dont la ville a souffert pendant plusieurs semaines.

Pour la mairie, la décision a été prise après que la société Tecmed ait montré son «incapacité» à régler les problèmes avec ses salariés. Les grèves des employés étaient motivées par le non-paiement des salaires et par le non-respect des clauses du pacte social signé en 2010, selon les grévistes.

De l’autre côté, Tecmed assurait à l’époque avoir honoré ses engagements envers ses salariés tout en affirmant attendre le paiement par la mairie des arriérés d’un montant total de 23 millions de DH, une affirmation que cette dernière dément.

Entre-temps, les habitants de la ville se sont retrouvés devant une crise de propreté sans précédent. En effet, la plupart des quartiers et les principales artères de la ville ont vu les amoncellements d’ordures s’entasser. Malgré les actions de la mairie en prenant en charge directement le nettoyage, la situation ne s’est stabilisée qu’en janvier.

En outre, Tecmed avait déjà lancé en juin 2011 un avertissement aux autorités de la ville. En effet, selon l’opérateur, la poursuite de son activité se trouve menacée par les grèves à répétition de ses employés, entre autres éléments déstabilisants.

Depuis une semaine, le personnel de la société Tecmed, chargée de la collecte des déchets dans les arrondissements de Hassan, Youssoufia et Souissi, est en grève.

Pour atténuer l’effet de cette grève, les autorités ont mobilisé les moyens pour assurer partiellement le service de la collecte des déchets dans certains quartiers. Mais dans certaines artères de la ville, notamment à Agdal et à Annahda, la situation est devenue critique, car les dépôts de déchets déposés sont énormes.

Le syndicat réclame l’application des dispositions du protocole d’accord signé en février 2012 avec la wilaya qui prévoit notamment :
- une augmentation des salaires de 500 DH par mois.
- doubler la prime de l’Aid pour atteindre 2.000 DH.

«Selon l’accord, ces augmentations devaient être débloquées avec le salaire du mois d’avril dernier, ce qui n’était pas le cas».

Mais la situation financière de la société ne permet pas de satisfaire le cahier revendicatif du syndicat. «Le montant de cette augmentation est estimé à 3 millions de DH, soit près de 7% de notre chiffre d’affaires», précise Khalid Azelmat, directeur régional de Tecmed. Ce dernier tient à rappeler que le personnel de la société a bénéficié des dernières augmentations décidées par l’Etat.

Lors du protocole d’accord, un avenant au contrat de gestion déléguée, qui prend fin en 2015, avait été ajouté. Il concerne la prise en charge de ces augmentations. «Ce document devrait être approuvé par la commune et par le ministère de l’Intérieur», rappelle Azelmat. Mais rien n’a été encore fait pour entamer cette procédure.

Abdelmounim Madani, adjoint du maire, responsable de ce secteur, pointe du doigt la procédure adoptée pour la signature du protocole d’accord entre le syndicat et la wilaya. Pour lui, les prises de décision concernant le contrat de gestion relèvent également de la commune. C’est dans ce cadre qu’il vient de notifier une mise en demeure à la société avant de passer à l’application de la régie provisoire.

TecMed va t elle quitter Rabat comme elle l'a fait à Tétouan ....