Depuis 3 ans, des dizaines de collectifs se sont créés autour de projets d'habitat groupé. Derrière ce terme se cachent des formules diverses qui vont de la bande de copains, prêts à partager quelques espaces communs, à des projets plus ambitieux autour de familles réunies dans une coopérative d'habitants. Une centaine de projets seraient en cours dans toute la France.
L'habitat groupé n'est pas vraiment une nouveauté. Dans les années 1970, ce concept collait à l'air du temps. De nombreux collectifs d'habitants fonctionnaient alors sur le mode de l'autogestion. Si quelques-uns survécurent à la décennie suivante, la dynamique était bel et bien cassée.
Aujourd'hui, l'envolée des prix de l'immobilier, les préoccupations environnementales et le désir de retrouver du lien social expliquent ce regain d'intérêt.
La conscience écologique est aussi un moteur. Grâce à des achats groupés et à l'autopromotion, la construction à plusieurs permet de faire des économies d'échelle et rend plus accessible le bâti à haute performance énergétique. L'empreinte écologique peut aussi être réduite en mettant en place un système de covoiturage.
Mais la motivation principale reste l'envie de partager un habitat et des valeurs communes, tout en gardant une intimité. La revendication d'un chez-soi est d'ailleurs une des différences avec les expériences communautaires à la mode soixante-huitarde, où la sphère privée était souvent phagocytée par la collectivité.
Ces programmes de construction ne sont pourtant pas faciles à mettre en oeuvre et ne conviennent pas à tout le monde. Entre les premières discussions autour du projet et l'emménagement, il faut au minimum de 4 à 5 ans.
Il manque aussi un cadre législatif adapté. "Depuis la loi Chalandon de 1971, le statut de coopérative d'habitants n'est plus reconnu, déplore Bertille Darragon, coordinatrice d'Habicoop, une association militante lyonnaise.
Dans ce contexte, une expertise extérieure est souvent nécessaire. Perçue comme un gage de sérieux, elle permet aussi de démarcher plus facilement élus et bailleurs sociaux, de plus en plus intéressés. Des bailleurs, dont la mission principale est d'assurer l'accession à la propriété de familles modestes, sont naturellement plus enclins à accompagner des projets d'habitat groupé. Mais à Lyon, Grenoble ou Besançon, des offices publics et des sociétés anonymes HLM appuient aussi ces initiatives.
Quant aux élus, ils ont bien compris l'intérêt de la démarche. Strasbourg ou Rennes ont d'ores et déjà réservé des logements pour des projets d'habitat groupé dans leurs éco-quartiers en construction. Une tendance qui pourrait donner un sérieux coup de pouce aux promoteurs de ce type d'habitat.
Les différents statuts pour les projets collectifs
Plusieurs statuts sont possibles pour les projets collectifs d'habitat : les cohabitants peuvent se constituer en
copropriété, en société civile immobilière (SCI)
société civile coopérative de construction (SCCC).
Ces différentes solutions ne sont pas toujours bien adaptées notamment en cas de départ et de remplacement d'un propriétaire de l'habitat groupé. Contrairement aux coopératives d'habitants, toutes ces solutions laissent possible une spéculation sur la valeur immobilière des biens construits.
http://www.habicoop.fr/
Extrait de www.lemonde.fr