Fin 2013, plus d’une centaine de condamnés attente dans les couloirs de la mort. Leur exécution, peut intervenir en toute légalité à n’importe quel moment.
Le Maroc n’a plus exécuté de condamné depuis 1993, mais il garde encore dans sa législation cette peine: pas moins de 361 chefs d’inculpation dans l’arsenal pénal marocain peuvent envoyer devant le peloton d’exécution.
Le Maroc refuse de signer, le moratoire de l’ONU, objet d’un vote chaque année, relatif à la non-exécution de la peine capitale, même si dans la pratique il n’exécute plus.
Il y a un large réseau d’ONG qui réclame l’abolition de la peine capitale des lois marocaines, et qui s’appuie sur la philosophie universelle des droits de l’Homme, réseau soutenu par le réseau mondial «pour l’abolition de la peine de mort», et par l’Union Européenne.
Ce réseau associatif a été rejoint par des politiques. Un réseau de parlementaires contre la peine de mort au Maroc est né en février 2013. Lundi 25 novembre 2013, fort de ses 210 parlementaires (des deux chambres), il dépose une proposition de loi, laquelle va être discutée par la commission de la justice, de la législation et des droits de l’homme à la Chambre des représentants avant d’être soumise en séance plénière.
Les arguments de ceux qui sont POUR la peine de mort | Les arguments de ceux qui sont CONTRE la peine de mort |
Ne pas oublier et défendre les intérêts de la victime et de sa famille. L’article 21 de la constitution : tous les Marocains ont «droit à la sécurité de leur personne, de leurs proches et de leurs biens. Les pouvoirs publics assurent la sécurité des populations et du territoire national dans le respect des libertés et droits fondamentaux garantis à tous. La loi actuelle tire sa substance de la chariâ (loi islamique) : le Maroc a une identité musulmane, qui veut dire que la condamnation à mort pourra être évitée si les ayants droit de la victime le déclarent ouvertement. | Un condamné à mort –même non exécuté- vit toujours avec angoisse l’attente de la mort qu’il est souvent tenté de la précipiter lui-même dans la solitude de son cachot. «Les États doivent condamner les meurtriers et prévenir la criminalité, mais ils ne doivent en aucune manière reproduire leurs actes. Il n’est pas envisageable de construire une société moderne et juste sur l’idéologie de la mort, ou de croire rendre justice en ayant recours à la loi du talion». Robert Badinter La recommandation de l’Instance équité et réconciliation qui a appelé l’Etat marocain à abolir la peine capitale dans son rapport final et qui a eu la faveur de S.M. Mohammed VI L’article 20 de la Constitution de 2011 qui stipule que le droit à la vie «est un droit de tout être humain La tendance mondiale en faveur de l’abolition «à laquelle le Maroc ne peut échapper La peine de mort est un échec de la justice, elle est «inefficace face au crime, injuste, jamais à l’abri d’erreurs et cependant irréparable Le soutien des réseaux des parlementaires à travers le monde. Si le Maroc franchit ce cap, il sera le premier pays de la région Afrique du Nord et du Moyen-Orient à le faire, ce qui va conforter sa position diplomatique dans le monde et avoir la faveur des puissances européennes. |
Des pas vers la limitation de la peine de mort.
Le corpus pénal marocain comprend pas moins de 361 chefs d’inculpation pouvant envoyer devant le peloton d’exécution :
- 283 sont prévus par le Code pénal adopté en 1962 (avec 28 articles),
- 66 par le Code de justice militaire de 1956 (17 articles),
- 12 par la loi anti-terroriste de 2003 (4 articles).
Il existe des pistes de travail pour limiter les condamnations à mort :
- Les chefs d’inculpation entraînant la peine de mort devront être d’abord réduites de 75% dans le code pénal: pas de peine de mort par exemple pour les délits politiques et d’opinion et la tentative de crime grave ; oui pour la peine de mort pour les crimes de sang avec préméditation.
- Sur un plan plus procédural, il est prévu que la peine de mort ne sera possible que s’il y a unanimité parmi les magistrats qui jugent l’affaire, au lieu de la majorité (3 sur 5) actuellement.
- L’exécution n’aura lieu que 10 ans après le jugement, pour s’assurer qu’il n’y a pas d’erreur judiciaire.
En septembre 2013, ont été dévoilés les résultats d’une enquête réalisée par l’OMDH et la coalition marocaine contre la peine de mort sur 25 condamnés à mort au Maroc :
- 67% souffrent de troubles psychologiques chroniques, l’attente de l’exécution en est la principale cause.
- 35% ont tenté de se suicider,
- 15% pensent qu’à tout moment l’Etat peut reprendre les exécutions.
Etat des lieux dans le monde
En 2012, le Maroc compte parmi les 58 Etats qui continuent de condamner à mort, 21 sont passés à l’acte la même année, le Maroc ne l’a pas fait depuis 1993. C’est dire que de plus en plus d’Etats dans le monde s’acheminent vers l’abolition de droit de la peine capitale.
Par exemple en 1981, au moment où la France l’a fait, 150 Etats condamnaient à mort, certains exécutaient. Ils ne sont plus que 58 Etats à le faire. Ces cinq dernières années, ce sont l’Ouzbékistan, l’Argentine, le Burundi, le Togo, le Gabon et la Lettonie qui ont supprimé cette peine de leur loi.