Il s’agit pour l’instant d’une rumeur: la forêt Sloukia, l’un des derniers poumons verts de la ville de Tanger serait cédée à un opérateur immobilier.
Une satisfaction : une importante mobilisation pour sauver cet espace naturel contre les appétits financiers, s’est effectuée notamment avec la mise en place d’un groupe sur facebook et la montée au créneau des élus de la ville et de certaines associations locales.
La Wilaya de Tanger à travers un communiqué, explique les détails de la situation: La ville a déjà entamé la révision de son plan d’aménagement, qui effectivement pouvait être «dommageable » à certains espaces verts.
Aussi, rassure-t-elle, des études approfondies concernant des zones montagneuses, Ziaten et Cap Spartel sont actuellement en cours. Elles incluent aussi cette partie de la forêt de Sloukia.
Toutefois, tempère la wilaya, la procédure de révision des documents d’urbanisme reste longue, avec différentes étapes, et elle n’en est encore qu’à ses débuts. L’autorité invite tous les intervenants ainsi que le public à faire part de leurs observations. Comme elle assure que le plan à venir permettra d’aller dans le sens des attentes des responsables, des élus et de la société civile de Tanger.
En effet, cette révision permettra de réduire le taux d’occupation au sol, une augmentation des superficies boisées et enfin l’interdiction de toute construction au bord de la mer. Ainsi, 400 hectares supplémentaires seront interdits à la construction, ce qui portera la superficie boisée de 1.800 à 2.200 hectares. Les limites de cette forêt qui domine la mer du haut d’une falaise seront interdites à la construction, ainsi que sur tout le littoral le long de la route d’Achakkar, alors que le schéma d’aménagement actuel le permet. La wilaya assure, enfin, que les autorisations de construction dans la zone d’Achakkar seront limitées à 2 étages alors que le schéma actuel permet d’avoir 4 étages.
Une réunion de la Commission technique en charge de la révision du schéma d’aménagement est d’ailleurs prévue pour le mois de mars prochain afin d’étudier le dossier.
La réaction de la wilaya, d’habitude peu prolixe en matière d’informations, n’étonne personne. En effet, les citoyens de la ville sont extrêmement sensibles au sujet des espaces verts et il s’agit d’un thème mobilisateur par excellence, surtout en ces temps survoltés. La ville ne dispose pas de suffisamment d’espaces verts, et malgré les efforts entrepris ces dernières années en la matière, l’opinion publique locale reste attachée à son patrimoine local, tant architectural que forestier. La révision du schéma d’aménagement rentre dans le cadre de l’unification des documents d’urbanisme de la ville dans un seul texte. Ce document devra remplacer 6 plans d’aménagement : celui de Tanger-madina, de Charf, de Bni-Makada et le plan de la Zone Off-Shore, en plus de celui du Boulevard Mohammed VI, entre autres. Ce futur plan d’aménagement devra inclure l’ensemble du périmètre urbain de la ville, y compris les espaces annexés lors du dernier découpage en 2009.
La superficie totale qu’il devra régir est de 167 kilomètres carrés. En plus, la ville pourra enfin se doter d’un plan d’aménagement moderne qui puisse prendre en considération les évolutions récentes en matière de développement de Tanger.
A noter que la forêt dite de Sloukia est située sur un promontoire qui porte le même nom. Il s’élève à plus de 315 mètres avec une vue imprenable sur la mer et le détroit de Gibraltar, à quelques kilomètres du Cap Spartel. Cet espace constitue une zone d’excursion connue par les Tangerois à la recherche d’espaces verts et ce, à moins d’une demi-heure du centre-ville. La zone jouit d’une forte humidité favorable à la croissance de tout type de végétations dont des lauriers et des arbousiers.
Elle est classée parmi le patrimoine forestier de la ville de Tanger par l’Association Boughaz dédiée à la préservation de l’héritage de la ville. |