Il s’agit d’un projet national censé optimiser les moyens entre les différentes écoles publiques, mutualiser les ressources et donner plus de visibilité dans les sphères de partenariat et de coopération scientifique à l’échelle internationale.
Le ministre a décidé d’ériger ce chantier d’Université polytechnique de Rabat (UPR) parmi les priorités d’une série de réformes, dont un pôle technologique pour booster la recherche, un groupement d’intérêt économique pour la mutualisation des moyens au sein des universités…
En fait, le concept existe déjà ailleurs à Paris (Pôle Léonard De Vinci) qui est un établissement porté par une volonté d’innovation de l’enseignement supérieur français.
Lahcen Daoudi part d’un constat sans appel, selon lequel les différents établissements «souffrent d’un cloisonnement institutionnel». Une situation héritée du passé et qui a fait que le département de l’Enseignement supérieur s’est vu doubler par d’autres ministères ayant chacun sa propre école d’ingénieurs ou cadres appropriés «avec une approche sectorielle héritée du système français».
Les exemples de grandes écoles relevant de départements autres que la tutelle sont légion. Des établissements qui relèvent de l’Habitat, du Commerce et Industrie, de l’Agriculture, de l’Energie& Mines… Tous les départements ou presque ont mis en place leurs propres grandes écoles de formation de cadres à Rabat. Parfois, ces établissements sont tellement reliés physiquement à leur ministère qu’ils sont séparés par une muraille ou une simple ruelle.
Parmi ces écoles ayant pignon sur rue à Rabat, l’on trouve l’Ecole Mohammedia d’ingénieurs (EMI), l’Ecole nationale de l’Industrie minérale (ENIM), l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV), l’Ecole nationale forestière d’ingénieurs (ENFI), l’Institut des Postes & Télécoms (INPT), l’Institut des statistiques et de l’Economie appliquée (INSEA) ou encore l’Ecole nationale d’architecture (ENA) voire l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme (INAU)…
Sauf que cette multiplicité d’établissements génère des redondances et des déperditions de moyens de l’Etat. «Beaucoup d’efforts doubles de constructions, d’équipements, de gestion, d’enseignement, de thématiques de recherche et de coopération internationale sont initiés de part et d’autre entre les écoles d’ingénieurs», dénonce un haut cadre de l’Enseignement supérieur.
D’ailleurs, ces établissements de formation d’ingénieurs ne sont rattachés à l’Enseignement supérieur que par les réunions du conseil de coordination qui validaient les promotions et les recrutements d’enseignants-chercheurs. Or, ce même conseil est resté longtemps sous la tutelle du ministère chargé de la formation des cadres jusqu’à la fin des années 90.
En plus du statut et de la tutelle, et bien que ces écoles aient le même bassin de recrutement, les enseignants des uns ne peuvent exercer chez les autres qu’à titre de vacataires. Plus encore, «les laboratoires de recherches, qui nécessitent des équipements onéreux, travaillent parfois doublement sur les mêmes sujets au lieu d’agir en vases communicants», dénonce un haut cadre de l’Enseignement supérieur.
Dans la majorité des cas, chaque établissement dispose de ses équipements pour être indépendant, sauf que c’est le même matériel que l’on trouve d’une structure à l’autre. Or, lors d’achats isolés, les coûts sont beaucoup plus élevés.
L’esprit de la Charte nationale d’éducation-formation ainsi que la loi 01-00 (qui régit l’Enseignement supérieur) préconisent la synergie et l’intégration dans les systèmes de l’enseignement et de la recherche. D’ailleurs l’article 77 de la Charte stipule que les universités, les institutions et facultés spécialisées, les écoles d’ingénieurs précédées des classes préparatoires, les écoles et institut supérieurs… doivent être rattachés directement à l’Enseignement supérieur.
Gouvernance
Lahcen Daoudi inscrit son projet de pôle polytechnique dans une logique de bonne gouvernance. Il estime que même partielle, la similarité des formations dispensées par les différents établissements universitaires dans les domaines techniques et de l’ingénierie ainsi que la complémentarité entre certaines formations tirent leur fondement des recommandations de la charte et de la loi (01-00) qui prônent les principes de la gouvernance.