- Besoins en compétences,
- Contraintes réglementaires,
- Techniques, financières,
- Faiblesse de la recherche et développement…
Ce sont là les principales failles identifiées par le Conseil économique et social dans le secteur des énergies renouvelables, l’assainissement liquide et la gestion des déchets solides ménagers.
Le rapport énumère tout ce qui ne va pas. Il parle «de conditions pour réussir les challenges fixés qui ne sont pas encore réunies». Ce qui renvoit à la structure actuelle du tissu industriel national caractérisée par une absence de PME spécialisées dans les filières des énergies renouvelables. Mais aussi au manque de compétences et d’expertises nationales dans les technologies éoliennes et solaires.
Le Conseil note aussi l’absence de mécanismes en faveur de l’intégration industrielle lors des appels d’offres dans les projets des énergies renouvelables. Idem pour l’intégration des PME locales dans les grands projets nationaux. L’inexistence d’incitations au profit des PME ainsi que des outils de veille et de mesures du niveau d’intégration réalisés sont également soulevés.
Ouerzazate avec son projet d’énergie solaire pourrait entraîner dans son sillage le développement d’une filière de composants à fabriquer localement. La formation des techniciens associés à cette activité est également envisagée. L’idée serait donc de « ne pas simplement importer des panneaux solaires mais de faire participer la main d’œuvre marocaine à leur production » |
Energies renouvelables: Tout dépendra du niveau d’intégrationL’objectif fixé par cette stratégie est de porter la part des énergies renouvelables à 42% dans le mix énergétique d’ici 2020. Toutes les filières (solaire, éolienne, biomasse et hydroélectricité) devraient générer 23.000 emplois d’ici 2025. Des chiffres, qui ne tiennent pas compte du développement des moyennes puissances pour les besoins propres des industriels ni des petites puissances pour les besoins domestiques. Pourtant, les petites et les moyennes puissances constituent un gisement important pour la création d’emplois.
Le Conseil lie le potentiel d’emplois au niveau d’intégration sur tout le territoire. Ce qui nécessite un programme d’intégration de la filière éolienne, solaire et de la biomasse dans la politique industrielle et régionale. L’insertion des industries locales dans les grands projets à travers des actions de mise à niveau et de préférence nationale est jugée importante. Elle est favorable à l’association des PME-PMI et les TPE locales ainsi que les banques privées au financement des projets.
Elle l'est également pour la mise en place de conditions tarifaires de vente de l’électricité issue des énergies éoliennes, solaires et de la biomasse selon les différentes gammes de puissances.
Efficacité énergétique: Un bonus-malus écologiqueUn investissement de 21 milliards de dirhams et 40.000 emplois seront générés par la mise en place de la stratégie nationale de l’efficacité énergétique. Ce chantier lancé depuis 2008 prévoit la réduction de la facture énergétique de 15% à l’horizon 2030. Ce qui permettra d’économiser plus de 228 G Wh par an.
Dans son rapport, le Conseil économique conseille l’extension de cette stratégie selon une approche sectorielle, régionale et sociale. Il signale néanmoins l’absence de fonds (publics et privés) dédiés au financement et appelle les collectivités locales à s’impliquer davantage par la promotion des chauffe-eau solaires et l’isolation thermique. L’accent est également mis sur l’accélération des initiatives dans le transport par la révision des schémas de circulation, la généralisation des véhicules peu énergivores, ainsi que par le retrait progressif des véhicules polluants ou en fin de vie. L’utilisation de leviers comme la prime à la casse et le bonus-malus écologique est conseillée. Là aussi l’intégration industrielle est vivement conseillée. Parmi les points soulevés, l’accompagnement des entreprises dans les secteurs de fabrication des matériaux spéciaux et des technologies permettant l’économie d’énergie électrique et thermique.
Assainissement liquide: La priorité aux prestataires marocainsLancé en 2006, le Plan national d’assainissement liquide, doté d’un budget de 43 milliards de dirhams, concerne 260 villes et centres urbains. Ce qui totalise une population de 10 millions d’habitants. Avec 10.000 emplois directs, le secteur de l’assainissement représente un gisement important de création d’emplois verts (études, construction et exploitation des réseaux d’assainissement ainsi que les stations d’épuration).
Dans ce secteur, le Conseil insiste sur le renforcement des synergies entre les différents acteurs institutionnels tout en recourant en priorité aux compétences et aux opérateurs nationaux. Il est favorable à l’élaboration d’un plan d’assainissement rural pour l’habitat dispersé. Ce qui générerait un potentiel important d’emplois de proximité en particulier dans les techniques d’assainissement non conventionnelles. Une stratégie de dépollution industrielle est également recommandée.
Le recours prioritairement aux prestataires et aux fournisseurs marocains devrait être obligatoire. Le Conseil recommande l’introduction de cette clause dans les contrats de gestion déléguée. Il est également pour la promotion et l’exportation du savoir-faire marocain dans les techniques d’assainissement à moindre coût, en particulier vers les pays qui ne peuvent supporter des tarifs d’assainissement élevés.
Déchets solides ménagers: Une réforme globale est nécessaireAvec un budget global de 37 milliards de dirhams, le programme national des déchets ménagers a donné la priorité aux investissements et aux services d’exploitation des services de collecte et de mise en décharge contrôlée. En revanche,
le budget relatif au développement des filières «recyclage et valorisation» ne dépasse pas 2% de l’enveloppe globale. Des études approfondies pour anticiper les besoins en compétences de la filière sont conseillées. En attendant, le volume des emplois dans la collecte et le traitement des déchets est estimé 10.750 postes directs. Pour le Conseil économique et social, ce secteur nécessite une réforme globale. Il recommande une stratégie nationale, des schémas directeurs régionaux et une gouvernance locale adaptée à la gestion des déchets solides. Des incitations au profit du secteur privé national sont nécessaires pour favoriser l’investissement dans les filières de «collecte, tri, recyclage, élimination et valorisation des déchets solides». Des financements publics-privés et un fonds dédié à la promotion de cette filière devraient être mis en place.