120 000 jeunes ont quitté cette année encore l'école les mains vides, parfois avant 16 ans, l'âge de la fin de la scolarité obligatoire.
Début juillet, l'Etat a signé avec des régions des conventions visant à "réduire le nombre de jeunes sans formation ou emploi". La région Centre, avec celle du Nord-Pas-de-Calais, sera la première à puiser dans le fonds gouvernemental destiné à financer des expérimentations pour ramener ce public vers l'école, à hauteur de 961 000 euros.
Pour reprendre le contact avec les "décrocheurs", la commission Hirsch sur la jeunesse a proposé de déplacer la journée d'appel de préparation à la défense de 18 à 16 ans. Elle a préconisé que les missions locales puissent les prendre en charge dès leur décrochage, pour les engager dans une formation ou une préparation à l'entrée dans la vie active.
Dans la génération sortie en 2004 du système scolaire, 32 % des sans-diplôme sont toujours hors de l'emploi, contre 17 % chez les titulaires d'un brevet d'enseignement professionnel (BEP) ou d'un certificat d'aptitude professionnelle (CAP), et 14 % dans l'ensemble de la génération.
Autre problème, depuis 2 ans, le nombre des sorties sans diplôme ne décroît plus. La France consacre pourtant 6,6 % de son produit intérieur brut (PIB) à l'éducation. Et la loi d'orientation de 1989 avait fait le pari d'amener 100 % d'une classe d'âge à un diplôme. Le système scolaire reste fait pour l'élève bon ou moyen. Des solutions partielles ont été trouvées pour ceux qui décrochent très tôt, grâce aux 250 classes relais.
Mais le problème se corse à 16 ans, lorsque cesse l'obligation scolaire : parmi ces jeunes, 2 % arrêtent après une classe de seconde, et 5 % après avoir commencé à préparer un CAP ou un BEP, que bien souvent ils n'ont pas choisi. A ces décrocheurs s'ajoutent 10 % des jeunes qui ratent leur examen et ne le repassent pas.
Officiellement, l'éducation nationale s'occupe d'eux : obligation faite à chacun d'acquérir le socle commun, aide individualisée, accompagnement scolaire le soir après l'école. Mais ces mesures, efficaces pour les élèves en difficulté légère, butent sur la grande difficulté. Pour ces jeunes, le problème dépasse largement la difficulté d'apprentissage. "Ils sont dans un état de problèmes qui a une composante sociologique, une composante économique et une autre psychologique, explique M. Louis. Pour les sortir de là, il faut que l'enseignant soit aidé par d'autres professionnels."