Les frais de scolarité dans les établissements de la «Mission» auront augmenté de plus de 150% en 5 ans, selon des associations de parents d’élèves. A ce rythme, cela devient intenable pour la plupart des ménages dont les enfants fréquentent ces écoles.
D’où la mobilisation du vendredi 30 mars qui a rassemblé quelque 1.500 parents qui ont crié leur ras-le-bol dans toutes les villes marocaines dotées d’établissements scolaires français, selon Abdelwahab Boukouraych, président de l’Union des conseils des parents d’élèves (U.C.P.E.).
A l’origine, la décision de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (A.E.F.E.) d’augmenter les frais de scolarité à partir de l’année 2012/2013, après la hausse de 40% intervenue entre 2009 et 2012. «La goutte d’eau qui a fait déborder le vase», c’est la généralisation graduelle des droits annuels d’inscription (D.A.I.) pour régler à chaque rentrée 5.000 dirhams par enfant en plus des frais de scolarité.
Le Maroc qui abrite le plus grand réseau des établissements d’enseignement français à l’étranger, n’est pas le plus cher du réseau AEFE. Washington et Londres par exemples battent des records dans ce domaine. Jusqu’à 7.000 euros l’an par élève au lycée (
il faut prendre en compte il me semble le niveau de vie pour ces comparaisons). Rien à voir aussi avec la grille que pratiquent les écoles américaines au Maroc, ce qui n’empêche pas des listes d’attentes bien garnies.
La perspective d’une future hausse n’est pas à écarter tant que la pression démographique qui s’exerce sur ces établissements est forte et que le secteur public marocain, n’offrira pas aux classes moyennes une alternative adéquate pour la formation de leurs enfants.
Par ailleurs, vu ses difficultés budgétaires, l’Etat français va continuer à réduire le financement public à l’AEFE et par effet de vase communicant, cela augmenterait la contribution des parents. Même les parents d’enfants français se plaignent de cette inflation, et les promesses de la gratuité faites par les candidats à la présidentielle ne se sont pas concrétisées.
L’union des conseils des parents d’élèves se dit prête à se battre. Sans aller jusqu’à prôner une grève de paiement, elle rejette cette évolution exponentielle des frais qui ne tient compte ni du coût de la vie et encore moins du taux d’inflation au Maroc. L’association réclame par ailleurs plus de concertation pour ce type de décisions afin que les parents disposent d’une «visibilité à long terme sur l’évolution des droits de scolarité».
Si les murs des établissements des écoles de l’AEFE sont la propriété de l’Etat marocain, les rénovations et les extensions du parc immobilier sont à la charge de l’agence. Ces travaux sont financés entre autres, par les droits annuels d’inscription. Tant que ces droits étaient appliqués aux seuls nouveaux entrants, tout le monde estimait que les parents agissaient en connaissance de cause en inscrivant leurs enfants dans le système français. Mais depuis que les droits annuels d’inscriptions ont été étendus à tout le monde, y compris les «anciens», la situation devient intenable.
Les parents se disent «pris en otage» dans le système, puisqu’il n’a pas d’équivalent au Maroc. «Nous ne pouvons pas dire à nos enfants : je n’ai plus d’argent, tu vas devoir changer d’école». Et pourtant, certains expliquent qu’ils n’ont plus le choix. «Encore une augmentation de 1%, et notre famille ne pourra plus payer».
En pleine campagne électorale, les partis politiques français au Maroc font de l’Education leur cheval de bataille. A droite comme à gauche, on estime que ces augmentations sont «insoutenables», et s’accordent pour dire que le système doit être repensé.
La gratuité de l’enseignement est préconisée pour les Français, et leur rationalisation pour les Marocains. Pour cela, l’enseignement français à l’étranger ne serait plus géré par le ministère des Affaires étrangères mais par celui de l’Education nationale, ce qui rendrait son budget moins étroit.
Les parents attendent encore la réaction d’Anne-Marie Descôtes, directrice de l’A.E.F.E., et maintiendront la pression jusqu’à obtenir gain de cause.
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