Des biocarburants made in Morroco

L’entreprise marocaine Kilimanjaro Environnement, spécialisée dans la collecte et la valorisation des huiles usagées, investit le créneau des biodiesels.

Le projet sera opérationnel dans quelque mois.

L’idée est venue de la menace environnementale du déversement de l’huile usagée dans les canalisations. Aujourd’hui, un litre d’huile usagée pollue un million de litres d’eau. En revanche, une tonne de biodiesel produite économise 2,6 tonnes de CO2.

La capacité de collecte actuelle de Kilimanjaro tourne autour de 200 tonnes d’huile usagée par mois. Sachant que le potentiel de collecte au Maroc est de 25.000 tonnes par mois, cette ressource reste très peu utilisée.

Fast-food, restaurants, industrie et même les ménages sont sollicités. L’entreprise motive ses clients avec l’octroi d’un label Eko-Geste qui atteste de leurs actions environnementales.

Cette action environnementale butte sur un déficit législatif. La loi définit les huiles alimentaires usagées comme déchet banal. Il n’est pas donc interdit de les jeter dans les égouts. L’entreprise milite pour que l’état impose à tous les restaurateurs et hôteliers un contrat de collecte avec une entreprise.

Reste que cette production par en totalité à l’export. L’entreprise estime que le cadre légal n’est pas clair.

Un projet d’algocarburants de 3ème génération vient d’être développé par une équipe de jeunes chercheurs du centre MAScIR (Moroccan foundation for advanced science, innovation and research).

Le processus consiste à obtenir des biocarburants à partir de micro-algues marines d’origine marocaine. L’objectif étant de réduire le déficit national en matière de carburant et d’exploiter et valoriser la richesse en phytoplancton (micro-algues).

A présent, les chercheurs de MAScIR devront améliorer le rendement de la souche en laboratoire avant de passer à la validation en mode pilote avec des volumes plus importants. « Au bout du programme de recherche, soit 5 ans, ce projet devrait permettre d’obtenir une production industrielle de biocarburant optimisé et économiquement viable », affirme Mohamed Lasri, DG de MAScIR.

Pour l’instant, le projet est au stade de validation des résultats de laboratoire. Il bénéficiera de l’accompagnement des industriels, lors de la production.

L’expérience a été menée par une équipe de 7 jeunes chercheurs en biotechnologie verte et en valorisation des ressources naturelles de MAScIR.

D’une moyenne d’âge de 34 ans, l’équipe est constituée de 4 doctorants et 3 bio-ingénieurs.

La genèse du projet date depuis que ces chercheurs avaient entamé le processus d’isolement et de caractérisation des souches de micro-algues marocaines récupérées dans différents points des rives marocaines.

L’équipe a ensuite cultivé les micro-algues pour en récupérer les lipides qui se sont transformés en biodiesel par une réaction chimique de « transestérification ».

Pour les besoins de ces expérimentations, MAScIR a élaboré une algothèque de souche marocaine avec différents profils lipidiques. Les résultats préliminaires en laboratoire ont permis d’isoler une souche ayant un contenu lipidique initial de plus de 30% avec une croissance rapide prouvant la faisabilité technique du processus. « Sur la base des données préliminaires, nous estimons que la production initiale se situerait entre 130 et 260 barils/ha. Une productivité qui sera améliorée dans un second temps», explique Lasri.

Créée en 2007, la fondation MAScIR est présidée par Ahmed Reda Chami. C’est une institution publique à but non lucratif qui vise la promotion de la recherche scientifique, à travers l’énergie, l’eau, l’environnement, la santé et la technologie. La Fondation dispose aujourd’hui de 3 plateformes technologiques: nanotechnologie, biotechnologies et microélectronique.

Forte d’une équipe de 60 chercheurs, ingénieurs permanents et 32 étudiants doctorants, MAScIR compte à son actif 7 brevets et plus de 60 publications.

En 2011, elle a réalisé plus de 2 milliards de DH de contrats de R&D. L'Institution bénéficie de la contribution de l'Etat à hauteur de 300 millions de DH, du Fonds Hassan II pour le développement économique et social (150 millions de DH) et de l'Académie Hassan II (21 millions de DH).

Kilimanjaro Environnement,se lance dans un nouveau défi.

Cette entreprise qui produit du biodiesel à partir des huiles de fritures vient en effet de s’attaquer au créneau des particuliers.

Depuis quelques semaines, ses représentants font le tour des quartiers de Casablanca pour expliquer aux habitants le mode de récupération des huiles usagées et l’importance de cette procédure pour la préservation de l’environnement.

Ainsi, pour chaque secteur, ils ont fixé une date mensuelle pour la récupération des huiles. Il faut dire que cette opération permettra à l’entreprise écolo d’élargir ces sources de collectes, puisque, depuis 2008, elle ne traite qu’avec les établissements hôteliers et de restauration.