Transport routier de voyageurs vers l'Europe

Finie l’embellie qui caractérisait jusqu’à ces dernières années le transport international routier des voyageurs, la tendance est à la baisse :

Principal cause : les low cost. Outre le confort et le gain de temps (fini les longues attentes au port d’Algésiras) qu’il permet, ce type de service se distingue aussi par une tarification égale, voire largement inférieure à celle appliquée par le transport terrestre.

L’augmentation des tarifs des compagnies maritimes. Ces dernières en quasi-monopole imposent leurs tarifs de manière unilatérale. De plus, la programmation des rotations ne laisse pas au transporteur la possibilité d’opter pour la compagnie de son choix. La tutelle oppose un refus catégorique quant à l’alternative de passage par Sebta ou Melilia où les tarifs de traversée permettent une réduction substantielle des coûts.

Le renchérissement du carburant empire les choses ainsi que l’intervention des transporteurs occasionnels et celle des petits véhicules dont l’activité n’est pas encore réglementée.

Les points forts :
Le seul avantage comparatif qui lui reste: le fret. La niche est exploitée par les petites entreprises qui proposent des offres portant uniquement sur le transport des bagages (2 € le kilo et c’est fiable : je l’ai fais une fois). Pratique que les entreprises structurées ne peuvent se permettre, pour la simple raison que l’envoi de bagages non accompagnés est prohibé par la loi ainsi que par les accords bilatéraux passés entre le Maroc et ses partenaires européens.


Zoom sur le secteur :
La profession, compte 33 entreprises dont 6 sont constituées en pool avec des partenaires européens. Le tout dispose d’un parc d’autocars d’environ 380 véhicules transportant annuellement 500.000 voyageurs.

Sociétés structurées. : 5, avec 20% du marché. Le reste : des petites structures dont le parc dépasse rarement 2 autocars par entité.

La Commission européenne vient de greffer de nouvelles règles à la régulation de leur secteur, des règles qui pénalisent surtout les pays tiers à l’Union européenne, tonne Abdelaziz Lahlou, président de l’Association marocaine des transporteurs routiers internationaux (Amtri).

De quoi s’agit-il au fait?
- Pour tout véhicule de transport de marchandise circulant dans l’Union européenne, la garantie adossée au carnet TIR a été portée à 60.000 euros (soit 80.000 dollars) contre 50.000 précédemment. Il en résultera un renchérissement des coûts de structure des entreprises de transport sans qu’elles aient la possibilité de le répercuter sur les tarifs de leurs prestations.

Le carnet TIR est une sorte d’extrait d’état civil de la cargaison d’un véhicule, il lui permet de se placer sous le régime de suspension des droits de douane. Théoriquement, il permet aussi aux routiers de traverser plusieurs pays de transit sans avoir à se plier systématiquement aux vérifications douanières. Ce document découle de la convention internationale des Nations unies sur l’harmonisation des contrôles des marchandises aux frontières. «Il ne peut donc être amendé que par la majorité des Etats contractants à la convention», fait remarquer le président de l’Amtri qui s’étonne de la passivité de la diplomatie marocaine sur cette question.

- La 2ème disposition qui suscite l’ire des routiers marocains est l’institution de l’obligation de la déclaration préalable pour chaque opération de transport. Cette déclaration consiste en l’envoi électronique des informations TIR aux bureaux de douanes communautaires de départ/d’entrée avant de quitter/d’entrer dans l’UE.

Cela concerne tous les transports TIR entrant ou commençant leur trajet dans l’Union européenne. Bruxelles justifie cette mesure par l’entrée en application d’un nouveau système de transit informatisé. Le plus gênant côté marocain est que cette déclaration ne peut être faite que par une personne habilitée qui possède une identification de TVA. Conséquence, seule une personne ou entité installée sur le territoire de l’Union européenne peut opérer cette pré-déclaration. Pour les routiers des pays tiers, dont le Maroc, il va falloir donc s’appuyer sur des mandataires qu’il faut rémunérer. Ce sont des coûts supplémentaires pour un secteur qui a beaucoup souffert de la crise économique en Europe et dont plusieurs entreprises sont aujourd’hui en difficulté .

En attendant, et afin de permettre aux opérateurs de se plier à ces exigences, l’IRU a conçu une application web permettant aux titulaires de carnets TIR d’envoyer les déclarations préalables électroniques TIR de façon simple et standard. Grâce à l’utilisation de cette application, déjà disponible sur le Web, les transporteurs ne seront pas contraints de recourir aux services de tierces parties, ce qui assurera la protection de leurs données commerciales.