Le premier constat qui se dégage des résultats de l’enquête, c’est que les revenus sont distribués de manière très inégalitaire. En effet, 80 % des ménages ont un revenu mensuel inférieur à 6650 DH par mois, dont moins de 5 163 DH par mois en milieu rural et moins de 7 708 DH par mois en milieu urbain. A contrario, cela veut dire que seulement 20% des ménages ont un revenu supérieur à 6 650 DH par mois.
Le revenu mensuel moyen par ménage, qui est de 5 308 DH, n’a plus une grande signification, puisqu’on sait par ailleurs que 60% des ménages ont un revenu inférieur à 4 227 DH par mois et que 40% moins de 2 892 DH.
Le revenu médian ( le plus pertinent en présence de disparités importantes dans les revenus) par ménage et par mois qui ressort à 3 500 DH semble mieux refléter la réalité.
Deuxième constat : le niveau de revenu paraît fortement corrélé au niveau d’éducation du chef de ménage, de sorte que le porteur de diplôme d’études supérieures perçoit quasiment le double (13 033 DH par mois en moyenne) du revenu d’un chef de famille diplômé du secondaire (6 975 DH) et 3 fois plus que celui qui n’a aucun niveau scolaire.
L’âge des chefs de ménage est aussi un facteur de différenciation des niveaux de revenus. Ceux parmi eux qui sont âgés entre 15 et 24 ans ont le plus faible revenu mensuel moyen : 3 244 DH contre 5 620 pour un chef de famille de 60 ans et plus. C’est un peu normal, puisque à cet âge-là, le chef de ménage, s’il est diplômé, débute à peine dans la vie active. S’il est sans diplôme ou avec un faible niveau scolaire, son revenu se situe généralement dans le bas de l’échelle.
Troisième constat, la distribution de revenu, en tenant compte du sexe des ménages, laisse penser que l’écart entre les hommes (5579DH par mois) et les femmes (3942 DH/mois) n’est pas très important, puisque le revenu par personne chez les deux ménages est le même (1030DH). En fait, ce rapprochement vient du fait que les ménages dirigés par les hommes sont tout simplement de plus grande taille que ceux dirigés par les femmes. Donc, l’inégalité liée au sexe demeure présente.
En 1985, l’arrivée du premier enfant dans un couple s’accompagne, en moyenne, d’une réduction de la consommation de 7,5%. En 2001, cette réduction était de 9%, et en 2007 de 17,5%. Ceci pour souligner le rôle que joue la taille d’un ménage (sauf pour les plus aisés évidemment) dans le bien-être de celui-ci.
Maintenant, d’où proviennent les revenus des ménages?
Pour l’essentiel (63%) du travail salarié et des activités indépendantes non agricoles (qu’on appelle aussi entrepreneurs indépendants travaillant pour leur compte propre). Et ce constat est encore plus vrai en milieu urbain où cette source de revenu représente 73%, contrairement au monde rural où ce sont les activités agricoles qui génèrent le plus de revenu.
Quatrième constat, enfin, le croisement des données sur les revenus avec celles sur les dépenses montre que 53% des ménages appartiennent à la même classe de dépenses que de revenus. Cela renseigne sur une certaine rationalité des dépenses au vu des revenus et, indirectement, démontre que pour au moins la moitié des ménages marocains on consomme autant que l’on gagne. Pour les ménages à petits revenus, plus particulièrement, cela peut paraître rassurant dans le sens où ces ménages ne cherchent pas à vivre au-dessus de leurs moyens.