Alors que la filière lettres était traditionnellement assimilée à une usine à chômeurs, la voilà presque en modèle d'insertion.
Les entreprises commencent à mesurer que les littéraires "se singularisent des étudiants des grandes écoles, et présentent une polyvalence intéressante", rappelle Jacques Migozzi, président de la Conférence des doyens et directeurs d'UFR lettres et sciences humaines.
Certaines grandes entreprises ont mis en place des filières d'embauche d'étudiants issus de l'université, qu'elles recrutent à des postes d'ordinaire réservés aux diplômés des écoles supérieures de commerce ou de management. Mais elles restent marginales.
Aussi, plusieurs opérations font la jonction entre ces deux mondes. Phénix réunit 8 universités parisiennes et 9 entreprises, dont Coca-Cola, PriceWaterHouseCoopers, L'Oréal, Danone. Chacune sélectionne elle-même ses candidats, mais Phénix (soutenu par le Medef) leur offre une formation générale de base de 350 heures afin de les rendre opérationnels. Les taux d'échec sont équivalents aux modes classiques de recrutement.
Une autre opération, baptisée Elsa, est portée par le CNAM et Sciences Po Paris. Elle promeut elle aussi des diplômés en lettres ou sciences humaines. "A la fin de l'année, une trentaine d'entreprises auront pris des jeunes en contrat de professionnalisation", rapporte Audrène Eloit, chargée de mission sur ce projet. Air France, Veolia, Renault sont dans la liste. "Elsa est né du double constat que les entreprises ne savent pas toujours comment recruter des profils atypiques, et que les CV d'étudiants d'universités restent trop souvent au-dessous de la pile, car les jeunes ne sont pas immédiatement opérationnels."