Après les magistrats et des professeurs de l’enseignement supérieur, les enseignants-chercheurs seront autorisés à partir à la retraite à 65 ans.
La Chambre des conseillers vient d’adopter une loi reportant l’âge de la retraite de cette catégorie de 5 ans. La mesure effective à partir de janvier 2012 n’est pas obligatoire mais optionnelle.
Elle permettra aussi au département de l’Enseignement supérieur de garder plus longtemps ses enseignants, que ce soit les contractuels qui contribuent au RCAR ou encore ceux qui ont le statut de fonctionnaires et qui relèvent de la Caisse marocaine de retraites (CMR).
Surtout que l’enseignement supérieur fait face à une vague de départs à la retraite importante. En 2010, 11.013 départs à la retraite ont été enregistrés et 10.618 sont attendus cette année dans la fonction publique. Une donne qui fragilise en particulier la CMR dont les effectifs cotisants s’élèvent à 862.938 affiliés à décembre 2010.
La Caisse compte 605.720 pensionnés, en augmentation de 4,73% par rapport à 2009. Un accroissement qui impose des mesures urgentes, lesquelles sont validées par son conseil d’administration. Mais leur application a été à chaque fois retardée faute de courage politique, une telle réforme étant par essence impopulaire. Mais il ne faut pas trop se voiler la face, les retards dans la prise d’une décision seront coûteux. La CMR qui fonctionne à flux tendus enregistrera un premier déficit de 315 millions de DH l’année prochaine.
Elle commencera à puiser dans un premier temps dans ses produits financiers avant d’attaquer ses réserves, lesquelles ne sont pas inépuisables. Si rien n’est fait, elle sera en faillite d’ici 2019.
Sur les dix dernières années, les indicateurs du régime de retraite des fonctionnaires se sont dégradés. Le rapport démographique est passé de 9 actifs pour un retraité en 1990 à 3 en 2010 alors que les recettes ont augmenté mais à un rythme moins rapide que les dépenses. Les premières ont été multipliées par 7 alors que les secondes par 20.
Le taux de couverture du régime a chuté de 234 points entre 1990 et 2010, passant ainsi de 352% à 118%.
La CMR, qui a effectué toutes les études nécessaires, réclame depuis deux ans un changement des paramètres du régime des pensions civiles. Plus précisément, ses équilibres financiers dépendent d’un relèvement des taux de cotisation, du changement du taux d’annuité et d’une extension de l’assiette de cotisation. La Caisse devrait mettre fin à «sa générosité» en tenant compte dans le calcul des pensions de la moyenne des huit derniers salaires de carrières par exemple. Sa «survie» dépendra aussi d’un relèvement de l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Le scénario préconisé est d’appliquer progressivement cette mesure, soit à raison d’un trimestre par an et aussi d’augmenter le taux de cotisation à 26%. Là aussi l’application de la hausse devrait s’effectuer de manière progressive, soit 2% par an sur trois ans. Un fonds d’amortissement de la dette sociale financé par l’impôt devrait compléter l’arsenal imaginé par la Caisse et son conseil d’administration.
Voir notre dossier sur la réforme des retraites eu Maroc :
http://www.mizania.com/content/view/257/73/